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Yémen : tractations sur fond de désastre humanitaire
Le 13 décembre en Suède, un accord a été conclu entre le gouvernement yéménite, soutenu par l’Arabie saoudite, et les milices houthistes qui le combattent. Un cessez-le-feu à Hodeida, principal port du Yémen, en serait sorti. Mais les combats et les bombardements aériens se sont poursuivis durant le week-end suivant dans cette ville qui est le principal front du conflit de ces derniers mois.
La trêve ne devait finalement prendre effet que mardi 18 décembre. Ni les représentants des deux camps rivaux ni ceux de l’ONU, sous l’égide de laquelle s’était tenue cette réunion, n’ont fait semblant de croire que cette trêve puisse durer.
Cette guerre a fait au moins 50 000 morts dans la population yéménite, et est à l’origine de la pire catastrophe humanitaire actuelle selon l’ONU. Elle dure depuis plus de quatre années maintenant, depuis la prise, en septembre 2014, de la capitale, Sanaa, par des milices houthistes basées dans le Nord. L’objectif de ces dernières était de chasser du pouvoir le président en place, Abd Rabbo Mansour Hadi, élu en 2012 avec l’appui en sous-main de l’Arabie saoudite et des États-Unis pour éteindre la révolte du Printemps arabe yéménite. Quelques mois plus tard, le 25 mars 2015, le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane déclenchait l’opération Tempête décisive, pensant mater cette rébellion en quelques mois.
Depuis, l’Arabie saoudite est embourbée dans cette guerre. Or cet enlisement pose des problèmes aux dirigeants américains même s’ils soutiennent militairement depuis le début ce régime, un de leurs principaux alliés dans la région, et qu’ils continuent à le faire. Le vice-secrétaire d’État adjoint, Timothy Lenderking, chargé des pays du Golfe au sein du département d’État américain, vient de le réaffirmer officiellement, pour faire taire certaines critiques venant, entre autres, des sénateurs américains qui n’apprécient guère certaines initiatives du prince saoudien.
Cette guerre a fait plonger le Yémen dans le chaos. Le pays est éclaté entre des zones contrôlées par les Houthis au Nord, l’armée yéménite officielle, diverses bandes armées recrutées sur des bases tribales, dont celles d’al-Qaida qui s’est trouvé en position d’administrer le port de Moukalla en 2016. Si les milices djihadistes d’al-Qaida ont dû reculer devant les attaques des forces engagées par les Émirats arabes unis, alliés de l’Arabie saoudite, le chaos demeure : il menace de s’étendre aux pays voisins, notamment l’Iran, grand concurrent régional de l’Arabie saoudite.
Le Yémen, de par sa position géographique, contrôle le détroit par lequel transitent le quart du pétrole mondial et 10 % du commerce maritime international. Et un Yémen à feu et à sang de façon durable perturbe la bonne marche des affaires, des grands groupes pétroliers. Même si cela fait les affaires des industriels de l’armement américain qui ont conclu pour 110 milliards de dollars de ventes d’engins de mort auprès de l’Arabie saoudite.
Ni Trump ni aucun autre dirigeant impérialiste ne maîtrisent une situation qu’ils ont contribué, sinon à créer, en tout cas à envenimer.
Quant aux conséquences de leurs décisions pour la population yéménite, c’est le cadet de leur souci.