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- Lutte ouvrière n°2628
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États-Unis : une économie florissante… pour le Big Business
Les médias répètent à l’envi que l’économie américaine est particulièrement prospère, un succès qui serait à porter au crédit de Trump et qui expliquerait qu’il ait sauvé les meubles lors des élections de mi-mandat, le 6 novembre dernier. Qu’en est-il au juste ?
Pour les grandes entreprises, il est vrai que les choses vont particulièrement bien. Les résultats annuels des multinationales américaines promettent d’être exceptionnels. Les bénéfices nets des 500 plus grandes entreprises américaines représenteraient en moyenne 12 % de leur chiffre d’affaires, contre 6 % en 2008-2009.
Cette progression est en partie le résultat de la baisse de l’impôt sur les sociétés, ramené de 35 % à 21 % il y a un an. Cette mesure faisait partie d’une réforme fiscale sans précédent proposée par Trump : les impôts vont être allégés de quelque 1 700 milliards de dollars au cours de la décennie à venir. Ces baisses seront réparties de façon aussi inégale que possible : plus de 1 400 milliards iront aux grandes entreprises et aux 5 % d’individus les plus riches ; les 300 milliards restants seront partagés entre les 95 autres pour-cent.
Ces cadeaux fiscaux ont contribué à accroître le déficit budgétaire et à augmenter la dette, qui atteint 16 000 milliards de dollars. Cela entraînera certainement des restrictions supplémentaires dans les services utiles à la population, comme le système éducatif public par exemple.
Enfin, à en croire l’administration Trump, le chômage s’établirait officiellement à 3,7 %, au plus bas depuis 1969. Mais ce chiffre masque une réalité bien moins positive. Malgré un ou plusieurs emplois souvent à temps partiel, une partie des travailleurs vivent sous le seuil de pauvreté. Alors que le taux de participation au marché du travail, qui mesure la part de la population qui a ou cherche un emploi, était de 66 % en 2008, il est aujourd’hui de 62,7 %. Autrement dit, au moins 23 millions d’Américains âgés de 25 à 54 ans sont à l’écart du marché de l’emploi. Alors même que de plus en plus de personnes âgées, parfois septuagénaires voire octogénaires, sont obligées de travailler pour compléter leur maigre retraite, toute une partie de ceux qui sont dans la force de l’âge sont marginalisés, souvent après des années de précarité. Quant aux salaires réels, ils ont souvent baissé, par exemple de 13 % pour les ouvriers depuis 1973. En 2018, 42 millions de travailleurs gagnent moins de 12 dollars (10,50 euros) de l’heure, y compris dans les hôtels du groupe Trump.
Le résultat de cette pression exercée à la baisse sur les revenus des classes populaires, c’est l’augmentation de la pauvreté et même la baisse de l’espérance de vie depuis plusieurs années. Dans plusieurs endroits du pays, comme le delta du Mississippi, une bonne partie des Appalaches, les quartiers pauvres de plusieurs grandes villes ou encore les camps de caravanes, l’espérance de vie est plus faible qu’au Bangladesh ou au Vietnam.
Le capitalisme américain est surtout prospère... pour les capitalistes.