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Mali : l’intervention française alimente le chaos
La ministre des Armées, Florence Parly, s’est félicitée d’un raid de l’aviation française effectué le 27 novembre dans le centre du Mali, qui aurait coûté la vie à Hamadoum Kouffa, un prédicateur djihadiste.
Kouffa faisait partie des dirigeants djihadistes qui, en janvier 2013, tenaient le nord du Mali et se préparaient à conquérir la capitale, Bamako, quand ils furent mis en déroute par l’armée française. Hollande était accouru pour se féliciter d’une telle victoire, qui lui avait permis de maintenir à bout de bras l’État malien, avec à sa tête un homme de confiance de l’impérialisme, aussi corrompu soit-il. Le risque d’une déstabilisation des États voisins était provisoirement écarté, de quoi rassurer les actionnaires d’Areva, Bouygues, Bolloré et autres capitalistes français pour lesquels l’Afrique est une affaire rentable.
Mais les milices djihadistes n’ont pas disparu. Au contraire, leur action s’est poursuivie au Mali et elle s’est même étendue à d’autres pays de la région. Cela a conduit Hollande, puis Macron, à poursuivre leur intervention militaire à l’échelle du Sahel, avec la mise en place de l’opération Barkhane mobilisant en permanence 4 500 hommes.
En 2015, Kouffa réapparut, cette fois au centre du Mali, sa région d’origine. Les djihadistes se lancèrent à la conquête de cette zone et y parvinrent à coups d’attentats, d’intimidations, mais pas seulement. Une partie de la population était révoltée par le racket de l’administration et par les exactions commises par l’armée malienne. Celle-ci a « poussé de nombreuses personnes à rejoindre les rangs des djihadistes ou des milices communautaires pour assurer leur défense et leur sécurité », dénonce la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dans un rapport publié le 20 novembre.
Aujourd’hui, la région est devenue l’épicentre des violences contre la population du Mali, victime des djihadistes, des milices ethniques, et aussi de l’armée. Sous la menace djihadiste, au moins 750 écoles restent fermées dans le nord et la région Centre. Les conflits communautaires opposant les Peuls, traditionnellement éleveurs, aux Dogons et aux Bambaras, qui pratiquent majoritairement l’agriculture, se multiplient, alimentés par l’attitude des militaires et par la politique des diverses milices, djihadistes ou autres, qui cherchent à exploiter la situation. Quant à l’armée malienne, selon la FIDH, elle est responsable dans la région, depuis le début de 2018, de « plus d’une centaine de victimes d’exécutions sommaires au cours d’au moins une dizaine de massacres, de dizaines de cas de tortures ». Et l’intervention militaire française, loin de mettre un terme à ce chaos, n’a fait que l’entretenir et l’aggraver.