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Leur société
Carlos Ghosn : voleur de salaires, voleur tout court ?
Carlos Ghosn, un des PDG les mieux payés du CAC 40, a été mis en examen au Japon le 19 novembre, après avoir été arrêté à la descente de son jet privé. Soupçonné d’avoir dissimulé au fisc nippon près de cinq milliards de yens (38 millions d’euros), plus de la moitié de sa rémunération en tant que président de Nissan, il aurait également confondu la caisse de l’entreprise avec sa propre poche.
Le PDG du groupe Renault, également président du conseil d’administration de Nissan et Mitsubishi motors ainsi que de la co-entreprise Renault-Nissan BV, chargée des achats communs, est connu pour ses salaires mirobolants : 16 millions d’euros au total pour l’année 2017. Et, devant les timides froncements de nez du gouvernement français, l’État étant actionnaire à 15 %, Ghosn a fait mine d’accepter une diminution de son salaire pour 2018, pour autant qu’il reçoive une large compensation en stock options, véritable mine d’or lorsqu’il les revend.
Si les capitalistes actionnaires trouvent ces sommes normales, c’est parce que Ghosn leur fait chaque année toucher un véritable pactole. Ils se sont partagé plus de 5 milliards d’euros pour 2017, avec un dividende en augmentation de 12 %. Mais, pendant que le PDG empoche, les salariés ne savent que trop d’où viennent les profits. Comme le dit un ouvrier de l’usine Renault de Flins, dans les Yvelines, « avec 45 000 euros par jour (dimanches et fêtes compris), il réussit à frauder le fisc et nous, on n’arrive pas à finir le mois ! ». Alors que les salaires ont été bloqués six années durant, ils n’ont reçu qu’un coup de pouce de 1 % cette année. Quant aux milliers de travailleurs intérimaires payés au smic qu’emploie l’entreprise, ils y fabriquent aussi les profits de Renault, en y laissant leur santé.
Ghosn, à qui plaît son surnom de cost killer, a effectivement présidé à la politique de tueur de coûts avec ses deux accords dits de compétitivité, qui se sont traduits en France par des milliers de suppressions d’emplois et, partant, la détérioration brutale des conditions de travail dans les ateliers et les bureaux d’étude. Précarité pour les intérimaires et les prestataires, cadences intenables, stress pour tous, salaires trop faibles et pouvoir d’achat en berne riment avec profits capitalistes pour les actionnaires et, au passage, pour l’un d’entre eux, le PDG, rémunération dorée.
Que Ghosn ait été ou non victime d’un coup préparé par son second chez Nissan, le directeur Saikawa qui vient de déplorer « le côté obscur de l’ère Ghosn », ne change rien à l’affaire. Ces grands bourgeois vivent de l’exploitation du travail de la majorité. Ils fraudent – ou non – avec le fisc, avec la loi : ce sont eux, ou ceux qu’ils servent, qui la font.