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Dans les entreprises
Camaïeu : victimes des vautours
La chaîne d’habillement féminin Camaïeu, qui totalise 902 magasins dont 654 en France et emploie 5 100 personnes, a été placée pour la seconde fois en deux ans en procédure de sauvegarde.
Il faut comprendre, bien sûr, sauvegarde des bénéfices prélevés par les actionnaires et les créanciers de l’enseigne qui s’entendent depuis des années pour vider les caisses de l’entreprise et se payer sur les intérêts de la dette qu’ils ont eux-mêmes créée.
L’enseigne a été créée en 1984 et a rapidement fait la fortune de ses propriétaires, la famille Torck, qui, malgré les déboires annoncés de l’enseigne, continue de figurer dans le classement des 500 plus grosses fortunes du pays.
On dit aujourd’hui que l’entreprise croule sous la dette. Mais cette dette qui se montait en effet en 2016 à un milliard d’euros pour un chiffre d’affaires de 736 millions est en réalité le résultat d’un montage financier décidé en 2011 par la famille Torck et un groupe de trois fonds d’investissement qui lui a racheté la majorité par le biais d’un LBO. Cette technique, largement utilisée dans le rachat d’entreprises, consiste pour l’acheteur à emprunter 100 % des sommes investies et à faire supporter leur remboursement – intérêts compris – à l’entreprise rachetée, c’est-à-dire aux salariés. Depuis, plus de 100 magasins ont été fermés et 900 travailleurs ont perdu leur emploi.
Aujourd’hui, les fonds d’investissement propriétaires avec la famille Torck de Camaïeu et les créanciers de l’enseigne, d’autres fonds d’investissement, s’opposent dans un nouveau bras de fer. Les premiers voudraient reporter les échéances de remboursement de la dette, quitte à l’augmenter avec de nouveaux prêteurs. Les seconds bataillent pour récupérer leurs créances et mettre la main sur l’entreprise en cas de défaillance.
Tel est l’enjeu de ce que la presse appelle une guerre des fonds. Une guerre qui souligne une fois de plus la rapacité et le parasitisme des capitalistes.