CICE : chère preuve d’amour pour les entreprises17/10/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/10/P4_Chasse_cadeaux_patrons_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C87%2C757%2C513_crop_detail.jpg

Leur société

CICE : chère preuve d’amour pour les entreprises

À partir du 1er janvier 2019, le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) instauré par Hollande pour aider les entreprises sera transformé en baisse permanente de cotisations. En 2019, année de transition, elles cumuleront la réduction d’impôt et la baisse de charges : une preuve d’amour de Macron aux patrons à 40 milliards d’euros.

Illustration - chère preuve d’amour pour les entreprises

Instauré en 2013 avec comme ambition proclamée de créer des centaines de milliers d’emplois (un million promettait alors le Medef), le CICE enlève chaque année quelque 20 milliards d’euros aux recettes de l’État sans que personne soit sérieusement en mesure d’estimer le nombre d’emplois créés. Début octobre, le très officiel comité de suivi du CICE parlait d’un « effet net qui serait proche de 100 000 emplois créés ou sauvegardés sur 2014 et 2015 ». Un autre rapport commandé par les députés vient de conclure : « Les évaluations du CICE n’ont pas trouvé d’effet sur l’investissement des entreprises, la recherche et développement et les exportations. Elles ont conclu à un effet probablement positif sur les marges, mais faible et incertain sur l’emploi.» La conclusion est claire.

Quand une ligne de train ou de bus est jugée insuffisamment utilisée par des usagers, la SNCF ou les collectivités territoriales la ferment sans délai. Quand le service médical rendu d’un médicament est jugé insuffisant par les autorités, la Sécurité sociale ne tarde pas à le dérembourser même s’il est prescrit et utilisé par des milliers de patients aux revenus modestes. Mais quand le gouvernement fait un cadeau fiscal à 20 milliards par an aux entreprises avec « un effet faible et incertain pour l’emploi », le dispositif n’est pas supprimé, il est pérennisé et même doublé ! Qu’importe si cela grève le budget de l’État au point d’augmenter le fameux déficit public qui sert de prétexte à toutes les coupes dans les services utiles à la population. Quand il s’agit d’arroser les entreprises, les gouvernements, de gauche, de droite ou les deux à la fois, ne comptent pas. Le CICE n’est d’ailleurs pas le seul cadeau fait aux entreprises. Pour la seule année 2015, le ministère du Travail a calculé que les « mesures d’exonération de charges en faveur de l’emploi » ont coûté 45,5 milliards d’euros.

Avec un budget de 20 milliards par an, l’État pourrait embaucher directement 650 000 infirmiers, enseignants, pompiers, puéricultrices ou encore des maçons, des conducteurs de bus ou autres travailleurs, payés avec un salaire net de 2 000 euros par mois. Avec 45 milliards, c’est 1,5 million de personnes qu’on peut embaucher.

Embaucher directement les travailleurs qui font fonctionner la société et interdire les licenciements dans les entreprises seraient des mesures élémentaires pour enrayer le chômage à court terme. Mais la priorité des gouvernements n’est pas d’enrayer le chômage, elle est de servir au mieux les intérêts et les demandes de la bourgeoisie.

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