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Dans les entreprises
Air France : nouveau patron, vieille rengaine
Si le nouveau directeur général du groupe Air France-KLM, Ben Johnson, parle français avec un accent anglo-canadien, il maîtrise parfaitement la langue des patrons.
Venu d’Air Canada remplacer l’ex-PDG, Janaillac, que le personnel d’Air France avait débarqué en rejetant son référendum sur une hausse dérisoire des salaires, Ben Johnson reprend et poursuit la ligne de son prédécesseur.
Chez Hop, filiale d’Air France pour les lignes régionales, il vient de lancer la troisième restructuration en trois ans, avec près de 300 suppressions de postes à la clé.
À Air France même, il sait bien sûr que la revendication d’une augmentation de 6 % n’est pas oubliée après le mouvement gréviste du printemps. Dès sa prise de fonction, il s’est donc dit prêt à recevoir les syndicats, mais le geste ne l’engageait à rien.
À qui en aurait douté, il rappelait que les actionnaires avaient sa priorité. Cela n’a pas empêché les représentants syndicaux, fiers d’être reçus trois fois par le nouveau patron, de ne rien dire pendant des jours au personnel du contenu de ces rencontres. À ceux qui les questionnaient à ce sujet dans les ateliers, les hangars, à l’escale, etc., ils répondaient ne rien pouvoir divulguer… car ils s’y étaient engagés auprès du patron !
Finalement, le 9 octobre, l’intersyndicale a publié un tract où c’est elle qui annonçait pitoyablement « la proposition, uniquement orale » de Ben Johnson, après des « discussions (qui) ont duré 9 heures, jusqu’à ce (qu’il) mette fin aux échanges ».
Alors que la direction a gelé les salaires depuis 2011, elle ne cède rien pour toutes ces années de blocage. Elle annonce 2 % pour 2018, avec effet rétroactif au 1er janvier, mais en incluant… la hausse de 2 % que l’ancien PDG avait déjà acceptée ! À ce rien, elle ajoute 2 % au 1er janvier 2019, mais en refusant de dire si c’est ou pas un à-valoir sur les NAO (négociations annuelles obligatoires sur les salaires) du printemps 2019 !
Les nombreux salariés de la compagnie qui n’attendaient rien de ces parlottes n’auront donc pas été déçus. De Janaillac à Johnson, c’est du copié-collé, ou peu s’en faut.
Et le personnel ne connaît pas encore les contreparties que, à l’instar de la précédente, l’actuelle direction voudra lui imposer, tel un engagement des syndicats à ne pas appeler à la grève. Cela fera sans doute l’objet des discussions lors de la nouvelle rencontre patron-syndicats prévue ces jours-ci, mais cette fois avec les seuls syndicats dits représentatifs.
Quoi qu’il en soit, on est loin, très loin des 6 % de rattrapage immédiat que le personnel réclame après un blocage des salaires de plus de six ans !