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McCain : un héros de l’impérialisme américain
Brouillé avec Trump, qui avait laissé entendre que sa captivité de cinq ans au Vietnam n’avait rien d’un exploit, le sénateur John McCain était devenu une des voix critiques de l’actuel président venant de l’intérieur du Parti républicain. Cela lui avait valu la sympathie de bien des politiciens et médias méprisant Trump. La mort, le 25 août, de ce conservateur a été l’occasion de le présenter comme un héros, un homme politique clairvoyant et même humaniste.
Ce petit-fils et fils d’amiraux s’est tout d’abord engagé comme pilote dans l’aéronavale. À ce titre il a participé activement à la guerre des États-Unis contre le Nord Viêtnam et notamment à l’opération « Tonnerre roulant » qui, en trois ans, de 1965 à 1968, a permis aux forces américaines de tuer 182 000 civils en déversant sur ce petit pays autant de bombes que toute l’Europe occidentale en avait reçu pendant la Deuxième Guerre mondiale. C’est au cours de son 23e bombardement que l’avion du lieutenant-colonel McCain a été abattu, occasionnant sa capture.
De retour aux États-Unis des années plus tard, McCain s’est appuyé sur sa carrière militaire pour se lancer en politique au Parti républicain dans le sillage de Reagan. Depuis 1983, il a été élu au Congrès sans interruption, aidé en cela par la fortune de sa femme, héritière d’une grande entreprise de distribution de bière.
À Washington, McCain a été un élu de droite parmi d’autres, votant par exemple contre l’instauration d’un jour férié en l’honneur de Martin Luther King, militant noir des droits civiques assassiné par des racistes.
Au cours de ses cinq mandats de sénateur de l’Arizona, il a été membre de comités s’occupant des affaires militaires et diplomatiques. Cela lui a donné l’occasion de multiples prises de position et votes en faveur des interventions impérialistes américaines. Il a ainsi approuvé le bombardement de la Serbie en 1999 et l’invasion de l’Afghanistan en 2001, s’opposant même au retrait partiel des troupes américaines ces dernières années.
McCain a approuvé l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, s’y rendant à de nombreuses reprises depuis pour y apporter à chaque fois son soutien aux généraux américains sur place et réclamant qu’on y envoie toujours plus de troupes.
C’est peut-être son expérience personnelle d’un camp de prisonniers qui l’a amené à prendre ses distances avec la torture pratiquée par la CIA au nom de la lutte contre le terrorisme, mais sans aller jusqu’à voter contre au Sénat. De même, il a demandé que les prisonniers internés sans jugement à Guantánamo aient le droit à un procès.
En 2008, il a mené le camp républicain à l’élection présidentielle en choisissant la réactionnaire et très religieuse Sarah Palin comme colistière. Il a perdu sa campagne face à Obama, sans tomber dans le racisme qui taraudait son parti, se contentant de flatter l’électorat conservateur en accusant son adversaire de « socialisme ».
Depuis, face aux courants les plus réactionnaires qui traversent le Parti républicain, il apparaissait comme un des politiciens capables de s’entendre avec le Parti démocrate pour défendre le grand capital américain. Et bien sûr, après 2008, il a approuvé l’attribution par l’État de centaines de milliards de dollars aux grandes banques pour les sortir de la crise financière dans laquelle elles avaient plongé l’économie mondiale.
Il est donc logique qu’il reçoive les hommages de ce monde capitaliste qu’il a servi toute sa vie.