McDonald’s – Marseille : mobilisation pour défendre les emplois15/08/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/08/P9_Le_14_aout_des_employes_occupent_le_fast-food_le.jpg.420x236_q85_box-0%2C35%2C375%2C246_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

McDonald’s – Marseille : mobilisation pour défendre les emplois

Depuis le 8 août, le McDonald’s Saint-Barthélémy, dans les quartiers Nord de Marseille, est fermé et occupé par ses salariés. Mobilisés contre le projet de vente de leur fast-food à un obscur franchisé, les syndicats soupçonnent l’actuel gérant de se débarrasser des 77 employés de ce McDonald’s en faisant l’économie d’un plan social.

Illustration - mobilisation pour défendre les emplois

Il y a trois mois, ce gérant annonçait la cession des six fast-foods de la région marseillaise – soit 370 emplois –, qu’il détient en franchise à 50-50 avec le groupe McDonald’s France. Cinq de ces magasins seraient repris par le groupe Abbassi, qui en possède d’autres dans la région et s’y comporte en patron de combat. Le sixième serait repris par un nouveau franchisé, Hali Food, qui prétend transformer le fast-food en un restaurant asiatique halal sans donner aucune information, et surtout pas sur le nombre de salariés repris.

Les syndicats et les salariés craignent de nombreux licenciements, voire la fermeture à court terme du magasin. Or ce fast-food est le deuxième employeur privé du quartier, après l’hypermarché Carrefour voisin. Sur les 77 emplois menacés, 55 sont des CDI, ce qui est rare chez McDonald’s, plutôt coutumier des contrats précaires à temps partiel imposé. Soumis aux mêmes bas salaires que dans le reste du groupe, les employés de ce fast-food, dont certains sont là depuis plus de vingt ans, ont néanmoins obtenu par leurs luttes passées quelques avantages dont tous les McDonald’s sont loin de bénéficier, comme un 13e mois ou la prise en charge de la mutuelle par l’employeur.

Depuis son ouverture il y a vingt-huit ans, ce restaurant, implanté au milieu de grandes cités et de voies rapides, est aussi devenu un lieu de vie pour les habitants du quartier. « Ici j’ai fêté l’anniversaire de tous les enfants du quartier », raconte une équipière qui y travaille depuis vingt-quatre ans. Une mère du quartier explique :« Quand on veut se donner un rendez-vous, c’est ici. Il n’y a rien d’autre… » Et elle s’indigne du remplacement du McDonald’s par un restaurant halal : « Je suis musulmane et je veux continuer de manger mes sandwichs au poisson à côté de ceux qui mangent des hamburgers ou du bacon. »

Les salariés d’autres McDonald’s soutiennent ceux de Saint-Barthélemy, qui ont vécu une semaine éprouvante. Dimanche 5 août, vers 22 heures, une dizaine de nervis avec matraques et couteaux ont fait irruption dans le restaurant et s’en sont pris aux équipiers présents, dont deux ont dû être hospitalisés et plusieurs ont eu des jours d’arrêt de travail. Mardi 7 août, dernier jour d’activité avant la cession, le sous-directeur du fast-food, Kamel Guemari, embauché en 1998 à l’âge de 16 ans et actuel secrétaire du CE, exaspéré par le silence de McDonald’s France, a menacé de mettre fin à ses jours en s’aspergeant d’essence dans le restaurant.

Le 9 août, le TGI a suspendu provisoirement la vente, et un syndicaliste disait : « On n’est ni confiant, ni perdant, on ne lâchera rien. » Les salariés restent mobilisés et, dans une lettre ouverte au dirigeant de McDonald’s France publiée le 13 août dans la presse, ils réaffirment leur détermination à préserver tous les emplois et le site de Saint-Barthélemy.

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