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Haïti : le Premier ministre démissionné par la rue
Après quatre jours d’émeutes le Premier ministre haïtien, Jack Guy Lafontant, a annoncé sa démission samedi 14 juillet.
À l’annonce des hausses qu’il voulait imposer, la population des quartiers populaires avait envahi les rues des principales villes. Elle refusait de voir augmenter de 30 % le prix de l’essence, de 47 % celui du diesel et même de 51 % celui du pétrole lampant, utilisé pour les lampes avec lesquelles les familles pauvres sont contraintes de s’éclairer, faute d’électricité. La force du mouvement était telle que le gouvernement avait jugé préférable de reculer et d’annoncer la suspension de ces mesures jusqu’à nouvel ordre. Mais cela n’avait pas suffi à calmer la colère des manifestants, et le blocage de la capitale Port-au-Prince continuait, ainsi que la présence des barricades.
Face à une situation qui risquait de s’aggraver encore, le Premier ministre a donc fini par accepter de jouer le rôle de fusible. Sous la pression de plus en plus insistante des députés, qui l’avaient convoqué et le menaçaient d’un vote sanction, il a annoncé qu’il quittait le pouvoir.
À Haïti, l’un des pays les plus pauvres du monde, le seul moyen pour la population d’éviter d’être étranglée par les possédants et les politiciens à leur service est de riposter violemment dans la rue à leurs attaques.
Le prochain gouvernement, ou le suivant, savent qu’en remettant de telles augmentations sur le tapis ils s’exposeraient à de violentes réactions. Alors, il leur faut chercher à tergiverser, à donner le change. Mais, sur le fond, il s’agira toujours de ponctionner la population pauvre. C’est ce que demandent les industriels, le FMI et les États-Unis, auxquels tous les dirigeants haïtiens, à commencer par l’actuel président Jovenel Moïse, n’ont rien à refuser.
Les travailleurs, les pauvres d’Haïti viennent cependant de prouver qu’ils sont capables de les faire reculer, jusqu’à imposer le départ d’un Premier ministre. Ils ont les ressources nécessaires pour défendre leurs intérêts, à condition de ne pas se laisser abuser par les manœuvres des gouvernants et de ceux qui cherchent à utiliser les mouvements populaires pour faire avancer leur propre carrière.