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Hôpitaux : nouvelle AP-HP pour plus de rentabilité
Le directeur de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, a récemment envoyé au personnel un document expliquant le projet d’une réorganisation de l’AP-HP. Il camoufle de nouvelles attaques contre le personnel hospitalier.
En véritable manager, Hirsch affirme : « L’AP-HP doit afficher une triple ambition, en matière de proximité, où nous devons assurer le soin pour tous et de tous les jours; en matière d’enseignement, où nous devons nous positionner dans une compétition européenne ; en matière de recherche, où nous devons poursuivre et amplifier notre présence à l’échelle mondiale. » On y retrouve la politique d’économies du gouvernement dans le secteur public.
Pour atteindre cet objectif, Hirsch propose de modifier le statut de l’AP-HP pour faciliter la décentralisation, l’autonomisation des groupements d’établissements et la création de partenariats locaux public-privé pour certains services ou certaines activités. Ainsi les établissements auront la liberté de recruter... à leurs conditions. Parallèlement, il privilégie, comme c’est déjà le cas, la création de très gros hôpitaux, les GHT (groupements hospitaliers de territoire), dotés de plateaux techniques de pointe et de centres de recherche rivalisant à l’échelle européenne et mondiale.
Derrière cette image d’une médecine de pointe aux services les meilleurs, les conditions de travail du personnel soignant sont en régression complète. Dans les services, les attaques directes sont quotidiennes : manque de matériel basique comme le thermomètre, l’appareil de prise de tension, de glycémie ou les pompes volumétriques, augmentation de la gestion en flux tendu des médicaments. Les pressions sur le rythme de travail sont permanentes, d’autant plus que le nombre de jours de RTT a été réduit. Les heures supplémentaires non payées ou non récupérées augmentent, il faut de plus en plus souvent se remplacer les uns les autres, les week-ends, la nuit ou le jour. Il est devenu habituel d’apprendre qu’il faut aller dans un autre service à la prise de poste. Le sentiment de faire mal son travail et de ne jamais s’en sortir prédomine dans tous les corps de métier. Les étudiants sont de plus en plus mal encadrés et les jeunes diplômés doivent souvent se débrouiller seuls sans pouvoir s’appuyer sur un collègue expérimenté.
Il est question de fermer davantage de lits, en tablant sur le développement de l’ambulatoire, et de diminuer encore les effectifs. Parallèlement, le projet prévoit de développer le partenariat ville-hôpital, en laissant le patient se débrouiller avec les médecins traitants, pourtant de moins en moins nombreux. Le tout-numérique permettant de supprimer du personnel est à l’honneur.
Un ancien chef de service de la Pitié-Salpêtrière à Paris a comparé son service à une start-up, à la grande honte des salariés hospitaliers du service. C’est un choix que des travailleurs des hôpitaux ont justement commencé à contester.