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Leur société
Ehpad : le mépris de cette société envers les anciens
On sait le manque chronique de personnel dans les Ehpad, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.
On se souvient des grèves et des manifestations importantes qui ont marqué la fin de l’année 2017 et les premiers mois de 2018. On a encore en tête les témoignages de ces aides-soignantes qui dénonçaient leurs conditions de travail, racontaient leur souffrance de devoir, chaque matin, lever les personnes âgées dont elles s’occupent sans même leur demander leur avis, parce qu’elles ne disposent que d’un quart d’heure pour la toilette, l’habillement, le petit déjeuner, les médicaments…
Les témoignages disaient aussi la fatigue, voire l’épuisement physique et moral des personnels contraints par ces conditions de travail à une forme de malveillance si ce n’est de maltraitance envers des femmes et des hommes en fin de vie.
Mercredi 30 mai, la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn présentait sa « feuille de route » afin, a-t-elle dit, « d’améliorer dans l’immédiat la qualité de vie des personnes âgées et d’anticiper la perte d’autonomie ».
La ministre affirme, à juste titre, qu’il faut sécuriser la prise en charge des personnes âgées la nuit, renforcer la présence médicale afin, entre autres, de diminuer des hospitalisations d’urgence évitables. Mais tout juste son plan prévoit-il « une présence mutualisée d’infirmières la nuit », c’est-à-dire, en clair… une infirmière de garde pour plusieurs établissements ! Et pour pallier le manque de professionnels de santé dans ces établissements, le plan prévoit le recours à… la télémédecine !
Au final, après une série de mesures où dominent les considérations et proclamations moralisantes, le plan promet une augmentation du budget. Il atteindrait près de 360 millions d’euros pour les trois ans à venir. Cela représenterait au mieux, ont calculé certains, 20 000 postes supplémentaires en équivalents temps plein. Ce nombre reste insuffisant pour répondre aux besoins des résidents et du personnel.
C’est dire la considération de la ministre et de son gouvernement envers les personnes âgées, c’est dire aussi l’incapacité de l’organisation sociale dont ils sont les commis à assurer tout simplement la dignité des personnes.