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Leur société
Dassault : un marchand de mort financé par le pouvoir
De Wauquiez étalant son immense tristesse à Hollande vantant son abnégation, en passant par Macron admirant sa remise à l’honneur des idées libérales, toute la classe politique a rendu hommage à Serge Dassault. Jusqu’à sa tombe, ces gens-là auront été au service de ce grand bourgeois dont la fortune comme les idées furent à l’image de la classe de parasites qui possède les moyens de production et détient la réalité du pouvoir.
Présenté comme le bâtisseur d’un empire industriel, Serge Dassault fut surtout l’héritier du royaume de son père, Marcel. Celui-ci avait fait fortune, déjà, grâce aux commandes de l’État qui avait fait de ses avions les porteurs de bombes atomiques de l’armée française. Dassault fils, marchand d’engins de mort encore plus chers et destructeurs, poursuivit dans la même lignée, s’assurant la garantie d’achat d’un avion Rafale dont aucun État ne voulait payer les coûts exorbitants. Pour faire face aux aléas des commandes militaires, il diversifia ses sources de revenus dans la production d’avions d’affaires pour les super-riches, prenant des participations dans Thales et d’autres groupes industriels, achetant des vignobles dans le Bordelais ou encore élargissant son patrimoine immobilier.
Afin de se garantir les largesses de l’État, il consacra une partie de sa vie à entretenir avec succès des relations dans la classe politique, de celles héritées de son père au sein de la droite gaulliste jusqu’à celles tissées avec son ami Sarkozy, mais aussi dans l’entourage de Mitterrand et de ses successeurs à la tête du Parti socialiste. Fieffé réactionnaire, Serge Dassault ne manquait jamais une occasion de défendre les intérêts du grand patronat, s’achetant un grand groupe de presse en 2004, « pour y défendre des idées saines, car nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche », disait-il. Chaque année, dans Le Figaro dont il était le propriétaire, il publiait un éditorial rappelant son hostilité aux 35 heures, au poids des syndicats, réclamant des baisses de charges et d’impôts pour le patronat et même des baisses des dépenses publiques, à l’exception bien sûr des commandes d’armement lui bénéficiant directement.
Dassault était aussi coutumier des sorties les plus basses, par exemple à l’occasion du débat sur le mariage pour tous, contre les homosexuels auxquels il attribuait le déclin de la Grèce antique ou encore la baisse de la natalité en France, ou contre les chômeurs, « des gens qui ne veulent pas travailler ».
Enrichi toute sa vie durant par les cadeaux de l’État, Dassault se mêla de politique, devenant maire de Corbeil-Essonnes puis sénateur. Sa présence à la commission des finances du Sénat lui facilitait la tâche pour défendre directement ses intérêts en même temps que ceux de sa classe. Se considérant comme un patron de droit divin au-dessus des lois, il fut de nombreuses fois condamné : achat de votes, financement illégal de campagne, déclaration malhonnête de patrimoine, fraude fiscale et autres manœuvres encore plus scabreuses impliquant des malfrats notoires, tout cela, pour lui, était normal.
Gattaz, le patron des patrons, a parlé d’une grande perte pour le pays. Pour ces gens-là, les intérêts de la société se résument à ceux d’une poignée de grands bourgeois. Ils s’arrogent le droit d’accumuler des capitaux sur le dos de leurs dizaines de milliers de salariés et aussi des millions de contribuables qui financent les largesses que leur accorde l’État. Et cela même quand leur principale contribution consiste en l’occurrence à fabriquer et à vendre partout des engins de mort.