Moyen-Orient : l’impérialisme prêt à un nouveau conflit16/05/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/05/2598.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Moyen-Orient : l’impérialisme prêt à un nouveau conflit

Le 8 mai, Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord signé en 2015 sur le nucléaire iranien. Moins de deux jours plus tard, le gouvernement israélien, qui avait poussé à cette résiliation, a mené une vaste opération de bombardements contre les forces iraniennes en Syrie. C’est peut-être le prélude à un nouveau conflit ouvert opposant directement l’État d’Israël, soutenu par les États-Unis, et l’Iran.

Au-delà des tweets grossiers, des propos musclés et d’un malin plaisir à prendre le contre-pied de son prédécesseur Obama, la politique de Trump est celle de l’impérialisme américain, qui amorce un virage consistant à tenter d’affaiblir l’Iran, en phase avec le gouvernement israélien dont le ministre des Armées, Avigdor Liberman, répète paraît-il sans cesse qu’il a trois problèmes : « L’Iran, l’Iran, l’Iran ».

Le Premier ministre israélien Netanyahou a brandi aux Nations unies de prétendues révélations sur le non-respect de l’accord par l’Iran, qui valent bien les mensonges sur les armes de destruction massive de l’Irak avancés autrefois par Bush pour justifier sa guerre. À cela s’ajoutent les pressions de l’Arabie saoudite, autre allié des États-Unis, qui veut battre en brèche l’influence de l’Iran.

L’enjeu est d’autant plus important qu’à travers l’Iran ce sont aussi le régime syrien et la Russie qui sont visés. Tant que ces trois puissances coalisées combattaient la déstabilisation de la région engendrée par l’organisation État islamique et d’autres groupes djihadistes, elles rendaient service aux États-Unis et aux autres puissances impérialistes, dont la France. Après avoir songé à se débarrasser du régime syrien de Bachar al-Assad, les États-Unis l’avaient donc accepté, par défaut ou à titre provisoire. Ce qui aujourd’hui leur pose problème n’est pas que subsiste en Syrie une dictature responsable de la mort de centaines de milliers de personnes, mais que son maintien s’accompagne d’un renforcement de la puissance de l’Iran et de l’influence de la Russie dans la région et sur ce régime lui-même. Israël, d’accord sur ce point avec l’Arabie saoudite mais aussi avec de nombreux États arabes, dénonce l’implantation de l’Iran en Syrie, en Irak, au Liban et jusqu’au Yémen. Cela entre en résonance avec les visées des États-Unis, qui veulent dominer la région sans être dérangés par une autre puissance, la Russie, dont l’Iran est l’allié.

À peine un cauchemar a-t-il pris fin, celui de la population qui avait dû vivre dans les régions contrôlées par l’organisation État islamique, qu’on voit pointer une nouvelle guerre. Le Golan en particulier, ce plateau au sud-ouest de la Syrie qu’Israël occupe depuis la guerre des Six-Jours de juin 1967, est à nouveau au centre d’un risque d’embrasement de la région, et ce n’est peut-être qu’un début.

Une fois de plus, c’est une décision d’un gouvernement américain qui sera peut-être à la source d’une nouvelle déstabilisation du Moyen-Orient, voire d’une nouvelle guerre. Trump ne fait là que montrer ce qui est la nature même de l’impérialisme. Celui-ci veut dominer le Moyen-Orient, et le dominer complètement. Il peut accepter à certaines périodes de transiger avec des régimes comme ceux de la Syrie, de l’Irak, voire de l’Iran ou même de la Russie qui, en fait, ne demandent qu’à lui rendre service. Mais il juge aussi que ces régimes cherchent trop à défendre leurs propres intérêts, à se trouver d’autres alliés, et donc ne sont pas fiables. Aussi, si cela lui est possible, il n’hésitera pas à les abattre, quitte à déclencher une nouvelle guerre.

L’annonce de Trump est-elle aussi celle d’une nouvelle guerre d’ampleur, ou seulement une rodomontade de plus ? En tout cas, elle est bien à l’image de l’impérialisme prêt à imposer sa domination à tout prix.

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