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- Lutte ouvrière n°2594
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Leur société
Tarnac : dix ans pour être innocentés !
« Le groupe de Tarnac était une fiction » : c’est ce qu’a conclu la présidente du tribunal correctionnel de Paris en prononçant, le 12 avril, la relaxe des huit principaux prévenus au terme de trois semaines d’audiences.
Les attendus du jugement mettent clairement en cause les responsabilités du juge d’instruction et des services de l’antiterrorisme. À l’origine de ce scandale judiciaire, il y avait la volonté de la ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie, de démontrer l’existence d’un danger terroriste d’ultragauche et de se prévaloir d’un succès devant les médias.
Dix ans d’enquêtes et de procédures s’en sont suivis pour arriver à cette conclusion quasiment évidente depuis le début : il n’y avait aucune cellule terroriste à Tarnac et tous les prévenus étaient innocents. Entre-temps, deux d’entre eux, Julien Coupat et Yldune Lévy, ont été emprisonnés et tous ont eu à se défendre des accusations portées contre eux et à livrer un combat contre la machine judiciaire. Car, au-delà des responsabilités individuelles d’une ministre incompétente ou de policiers ayant falsifié des documents, cette machine à broyer s’est mise en mouvement, tandis que l’appareil policier et judiciaire de l’antiterrorisme et celui des services de renseignements ne voulaient pas se déjuger.
On ne sait encore si le parquet a l’intention de faire appel, ce qui prolongerait encore ce fiasco judiciaire. Peut-être renoncera-t-il, pour mettre un point final à cette affaire qui jette une lumière bien crue sur les méthodes de l’appareil de répression de l’État, que tous les gouvernements n’ont cessé de renforcer, toujours au nom de la lutte contre le terrorisme.