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- Lutte ouvrière n°2592
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Dans les entreprises
Française de mécanique (PSA) – Douvrin : licencié après avoir été abîmé par le travail
PSA compacte ses usines partout en France et met en place des plans de suppressions massives d’emplois mais, comme cela ne suffit pas à ses dirigeants, le groupe licencie, pour motifs individuels, mais aussi des travailleurs qui ont des problèmes de santé.
À PSA Douvrin dans le Pas-de-Calais, anciennement la Française de mécanique, l’effectif a fondu de plus de 50 % ces cinq dernières années. 1 800 salariés en CDI ont quitté l’entreprise ou ont été licenciés. La direction a bien dû reprendre du monde mais, à part une dizaine d’embauches, ce sont environ 400 salariés intérimaires ou en contrats précaires qui sont présents dans les ateliers, pour 1 500 CDI.
Une partie des malades licenciés étaient reconnus en maladie professionnelle et parfois en tant que travailleurs handicapés. Tous sont allés grossir les rangs de Pôle emploi alors que PSA est souvent le principal responsable de la dégradation de leur santé. La volonté de produire coûte que coûte à des cadences élevées et de gagner le maximum d’argent conduit la direction à supprimer des postes adaptés à des travailleurs en restrictions médicales.
Un travailleur licencié a raconté ainsi son parcours :
« Je suis arrivé à la Française de mécanique en mars 2009 pour travailler au Montage D puis à l’Usinage. C’est en particulier sur le poste de montage des alternateurs que je me suis abîmé le bras droit. Sur ce poste difficile, nous devions normalement travailler par rotation toutes les deux heures. Or, pendant trois mois consécutifs, on m’a fait travailler sans jamais me remplacer. La pénibilité du poste a fini par m’endommager deux tendons du coude et il a fallu que je me soigne.
Quand j’ai repris le travail, on m’a mis sur d’autres postes. [...] II n’y avait pas de palan. Quand les responsables ont fini par en installer un, il était trop tard, mon bras était à nouveau esquinté. Cette fois, la douleur avait gagné l’épaule et à nouveau j’ai dû m’arrêter pour me soigner. Les chirurgiens n’ont pas pu opérer, compte tenu des risques encourus. Les soins et les infiltrations ont un peu apaisé les douleurs mais elles n’ont jamais disparu.
En 2017, le médecin conseil de la Sécurité sociale m’a déclaré “consolidé avec séquelles”. Je me suis présenté à la FM pour une visite de reprise. Une procédure a été entamée pour me reclasser. Je pense qu’en réalité rien n’a été fait, aucun poste n’a été réellement proposé au médecin. J’ai reçu ma lettre de licenciement le 1er mars 2018.
[…] J’ai manipulé toutes ces années des pièces lourdes dans de mauvaises conditions où, par manque de rotations au poste ou manque de palan, mon bras droit n’a pas résisté. C’est mon travail et les conditions dans lesquelles on m’a obligé à le faire qui m’ont mis dans cet état. Et aujourd’hui, il n’y aurait aucun moyen d’aménager un poste pour que je puisse continuer à avoir un emploi et à gagner ma vie ? À qui le tour ? Il faut que ça cesse. »