École maternelle : obligatoire, sans plus de moyens28/03/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2591.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

École maternelle : obligatoire, sans plus de moyens

Emmanuel Macron a annoncé, en ouvrant les Assises de la maternelle, que l’école serait désormais obligatoire à partir de 3 ans, au lieu de 6 actuellement. Cette décision est en grande partie formelle, puisque aujourd’hui 97 % des enfants de 3 ans sont déjà accueillis en école maternelle.

Comme toujours dans ce genre de réunions, les ambitions proclamées planent haut. Qui ne souhaiterait que la maternelle « permette d’acquérir un vocabulaire riche, qui aura un impact important sur la réussite à l’école élémentaire et en cours préparatoire », comme l’a dit Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale. Mais pour cela il faudrait, non des mots ronflants, mais des actes, c’est-à-dire des moyens. Et, en la matière, la maternelle n’est pas mieux lotie que les autres niveaux.

Un enseignant suit en moyenne 22 élèves. C’est déjà beaucoup. Mais dans certaines écoles, on trouve des classes de 28 ou 30 élèves. Dans ces conditions, il ne peut être vraiment question d’accorder son attention à tous les enfants. Même leur permettre une sieste devient compliqué. Cela ne va pas s’arranger à la rentrée 2018 car, pour réaliser le dédoublement des cours préparatoires et élémentaires en zone d’éducation prioritaire, le ministère a ponctionné les autres niveaux scolaires, et notamment la maternelle. Selon le Snuipp, principal syndicat dans le primaire, plus de 850 classes devraient être supprimées en maternelle à la prochaine rentrée. D’autre part, à ce niveau, les enseignants sont secondés par les Atsem, qui sont du personnel communal. Les restrictions budgétaires imposées par le gouvernement aux communes auront donc elles aussi un impact négatif sur l’encadrement des jeunes enfants.

Dire qu’une scolarisation précoce est un facteur de réussite, en particulier dans les milieux les plus pauvres, là où les familles n’ont pu avoir accès à une éducation de qualité, est un lieu commun. Les gouvernements précédents, sous Hollande, avaient fait leur cheval de bataille de l’accueil des enfants à l’école à partir de 2 ans. Son triplement dans les zones défavorisées avait même été annoncé, sans que cela se traduise dans la réalité.

Le gouvernement actuel, comme les précédents, réserve à l’école maternelle une inflation de mots, mais pas une augmentation de moyens.

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