- Accueil
- Lutte ouvrière n°2590
- Le 22 mars et après : les travailleurs doivent montrer leur force collective
Editorial
Le 22 mars et après : les travailleurs doivent montrer leur force collective
Ordonnances travail ; suppression progressive des emplois aidés ; baisse de l’APL, augmentation de la CSG ; hôpitaux, écoles et collectivités à la diète... Depuis que Macron est au pouvoir, il a enchaîné les attaques contre le monde du travail. Tout cela, sans rencontrer de véritable opposition.
Maintenant, il veut s’attaquer aux travailleurs de la SNCF, c’est-à-dire à leur sécurité d’emploi, à leur salaire et à leur retraite. Puis il projette de s’en prendre aux retraites de tous et de saigner la fonction publique en supprimant 120 000 emplois.
À côté de cela, les profits du CAC 40 ont dépassé les 93 milliards d’euros. Les actionnaires encaissent des dividendes en hausse de 10 ou 20 %. Bernard Arnault a vu sa fortune augmenter de 20 milliards au cours de l’année 2017, soit 38 000 euros chaque minute...
Eh bien, pour les travailleurs, la coupe est pleine !
L’opposition du monde du travail doit s’exprimer massivement. Le 15 mars, les retraités et le personnel des Ehpad ont manifesté leur colère. Jeudi 22 mars, ce sera la première étape de la mobilisation des cheminots. Et de nombreux autres travailleurs descendront dans la rue à l’appel des syndicats de la fonction publique, des hôpitaux, de la RATP, des télécommunications et d’EDF. Il faut que cette journée soit réussie.
Cela fait des décennies que le grand patronat attaque les emplois, les salaires et les conditions de travail et d’existence de la majorité de la population, pour continuer de s’enrichir, malgré la crise de son économie. Il l’a fait avec la bénédiction et l’aide de tous les gouvernements qui se sont succédé, et le fait aujourd’hui avec Macron.
Si nous ne mettons pas un coup d’arrêt à tout cela, où en serons-nous dans cinq ou dix ans ? Quelle sera la vie de nos enfants ? Il faut que la journée du 22 mars soit une démonstration de force qui conforte tous ceux qui veulent se battre.
Car, après cette date, il y a la suite. Le 23 mars, les salariés d’Air France seront en grève pour leur salaire. À la fin du mois, ce seront les salariés de Carrefour, qui se battent contre un plan de licenciements. Quant aux syndicats cheminots, ils ont annoncé la grève à la SNCF à partir du 3 avril.
Le bras de fer entre les cheminots et Macron aura une importance majeure dans les prochaines semaines. Au-delà des calculs des appareils syndicaux, beaucoup de cheminots savent que, pour l’emporter, ils devront jeter toutes leurs forces dans la bataille. En effet la grève à l’économie n’existe pas. Et, quels que soient les problèmes que cette grève nous posera en tant qu’usagers, soyons-en solidaires.
Car le combat qui commence à la SNCF est aussi le nôtre. En s’attaquant aux cheminots, Macron veut mettre au pas l’ensemble de la classe ouvrière et dégager la voie pour de nouvelles attaques. Eh bien, il faut faire bloc derrière et avec les cheminots.
En 1995, les cheminots avaient gagné parce qu’ils avaient l’opinion ouvrière avec eux, parce qu’ils avaient eu le soutien moral et actif de l’ensemble du monde du travail. Ce doit être le cas aujourd’hui.
La stratégie de tous les patrons, comme du gouvernement, est d’attaquer les travailleurs catégorie par catégorie. C’est de les dresser les uns contre les autres : le privé contre le public, les travailleurs en intérim ou en CDD contre les CDI, les chômeurs contre les salariés, les actifs contre les retraités. Refusons ce piège grossier.
Au Salon de l’agriculture, Macron avait expliqué : « Je ne peux pas avoir d’un côté des agriculteurs qui n’ont pas de retraite, et de l’autre avoir un statut cheminot et ne pas le changer. » Quelle hypocrisie ! La semaine dernière, ce même Macron a bloqué la revalorisation des retraites agricoles au Sénat. Se servir de la misère des uns comme alibi pour faire reculer tout le monde : voilà la politique du gouvernement !
Puisqu’il est question de « privilèges », regardons ceux qui ne font rien de leurs dix doigts, si ce n’est parasiter le travail de dizaines, de centaines de milliers de femmes et d’hommes. Regardons ceux qui nous exploitent, au point que leur fortune dépasse parfois celle de certains États. Et demandons-leur des comptes, car les actionnaires qui constituent les dynasties bourgeoises ne sont pas seulement responsables de l’appauvrissement de la majorité, ils jouent notre peau et l’avenir de l’économie au casino de la spéculation.
Pour nous faire respecter, il faut renouer avec les luttes et s’appuyer sur ceux qui se battent. Et, puisque Macron a déclaré la guerre aux cheminots, faisons tout pour qu’ils l’emportent, et que cela ouvre la voie à une contre-offensive du monde du travail. Le 22 mars et après, affirmons que nous sommes tous des cheminots et redécouvrons, ensemble, notre force collective.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 19 mars 2018