- Accueil
- Lutte ouvrière n°2589
- Mobilisations du 15 mars : une première étape
Leur société
Mobilisations du 15 mars : une première étape
Le 15 mars, des dizaines de manifestations devaient se dérouler, à Paris et en régions, pour renouveler l’expression de la colère des retraités d’une part, des employés des Ehpad, des services de gériatrie et de l’aide à domicile et des familles de résidents âgés et dépendants d’autre part.
Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre. Macron, Philippe et la ministre de la Santé Buzyn ont entendu fin janvier les milliers de manifestants, les grévistes qui protestaient contre les conditions de travail scandaleuses qui leur sont imposées dans les Ehpad, les lits fermés dans les services de gériatrie, le véritable casse-tête des aides à domicile pour visiter chacune et chacun. La seule réponse de la ministre, hormis la constatation que près d’un quart des établissements seraient perdants à la réforme des financements, a été de rappeler le vote d’une petite enveloppe de 50 millions d’euros.
On ne saurait être plus méprisant ! Alors que de toutes parts parviennent des témoignages d’épuisement de soignants, de malaise face aux personnes âgées délaissées par manque de temps, de familles démunies devant la situation de leurs aînés, alors qu’on sait qu’il manque 200 000 postes dans les établissements, sans compter l’aide à domicile, elle aussi en sous-effectif, alors qu’il n’existe en moyenne qu’un seul lit disponible en Ehpad pour six octogénaires, un silence criminel est de mise au gouvernement. Le seul signe de vie a été l’annonce, par le ministère de la Santé, de « l’ouverture d’un cycle de rencontres avec les acteurs et représentants des personnels et des institutions du secteur des personnes âgées ».
Traités avec le même mépris, des millions de retraités ont vu depuis février leur pension amputée de 15 à 50 euros par mois. Cela concerne ceux dont le revenu fiscal de référence figurant sur l’avis d’impôt de l’année 2017 a dépassé 14 404 euros pour une personne seule en métropole, ou 22 096 euros pour un couple, même si l’un des deux touche une pension inférieure au seuil. Macron voudrait faire passer ceux-là pour des privilégiés, en augmentant de 1,7 % le taux de la CSG appliqué aux pensions de retraite. Or non seulement les retraites ont été bloquées pendant quatre années, en octobre dernier elles n’ont été augmentées que d’un maigre 0,8 %, mais les retraités ont subi les mêmes hausses des prix que tous, sur le carburant, le gaz, les timbres… Depuis des années, leurs revenus sont attaqués, par la suppression de la demi-part fiscale des veuves et veufs sous Sarkozy, par l’instauration d’un prélèvement supplémentaire de 0,3 %, la CASA (contribution de solidarité pour l’autonomie) et la fiscalisation des majorations familiales pour trois enfants sous Hollande, et Macron y va de plus belle !
Macron et ses comparses se moquent du monde lorsqu’ils osent présenter cette mesure d’une injustice criante comme une nécessaire solidarité intergénérationnelle. Si solidarité il doit y avoir, pourquoi le président des riches ne met-il pas en place un prélèvement sur les dividendes et les fortunes ? Pourquoi, au contraire, a-t-il en grande partie supprimé l’ISF ?
La seule réponse que méritent Macron et ses donneurs d’ordres, les capitalistes, c’est la colère des travailleurs, actifs, chômeurs et retraités, ceux qui font tout fonctionner dans les services nécessaires à tous, comme dans les entreprises qui génèrent les produits et… les profits.