Assurance chômage : fausses avancées et vraie démagogie07/03/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2588.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Assurance chômage : fausses avancées et vraie démagogie

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a révélé le 2 mars à la presse les choix du gouvernement concernant la réforme de l’assurance chômage. Elle a repris l’essentiel des propositions issues des négociations récentes entre organisations patronales et syndicats de salariés.

Macron avait promis au cours de sa campagne que les salariés démissionnaires pourraient toucher le chômage. Mais la réforme prévoit des conditions si restrictives qu’ils seront bien peu nombreux à pouvoir en bénéficier : il faudra avoir travaillé au moins cinq, voire sept ans dans la même entreprise, faire la preuve de sa volonté de suivre une formation et de se reconvertir, et faire valider un projet jugé réel et sérieux correspondant « raisonnablement aux besoins du marché du travail ». Pas question par exemple de quitter un emploi à cause des conditions de travail ou d’un salaire trop bas. Le système actuel permet chaque année à environ 50 000 personnes de percevoir une allocation chômage après avoir démissionné, pour suivre un conjoint par exemple. La nouvelle mesure ouvrirait cette possibilité à moins de 30 000 démissionnaires supplémentaires.

La possibilité pour les indépendants de toucher une allocation, autre promesse de Macron, est également limitée : elle concernerait surtout les agriculteurs, artisans ou commerçants en faillite, mais pas les chauffeurs de VTC ou les livreurs à vélo. De plus, le montant de l’allocation serait de 800 euros seulement.

À côté de ces bien maigres mesures en faveur d’un nombre très limité de chômeurs, la ministre a annoncé un renforcement du contrôle de tous les demandeurs d’emploi. Le nombre d’agents de Pôle emploi dédiés à cette tâche sera triplé, passant à 600 d’ici la fin de l’année. Il est aussi question d’aggraver les sanctions après deux refus successifs d’« offres raisonnables d’emploi ». Comme ses prédécesseurs, faute de créer des emplois et d’empêcher le patronat de licencier, l’actuel gouvernement cherche à accréditer l’idée mensongère qu’on serait au chômage parce qu’on ne cherche pas un emploi avec assez de détermination.

S’attaquer aux chômeurs est plus facile que d’imposer la moindre contrainte aux patrons qui multiplient le recours aux emplois précaires et courts. Sur cette question, le gouvernement a renvoyé toute décision à 2019. Autant dire à la saint-glinglin.

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