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Dans les entreprises
Toyota-Onnaing : fausses promesses et vrais licenciements
La semaine dernière, la direction a désactivé le badge d’un ouvrier, et un membre des Ressources humaines posté à l’entrée lui a demandé de rentrer chez lui. Ce travailleur ne s’est pas laissé intimider et, avec les militants CGT, il a dénoncé sa situation dans un tract. Cela a suscité pas mal d’émotion et de discussions dans l’usine, car beaucoup de travailleurs se sentent concernés.
Cet ouvrier, avec dix-sept ans d’ancienneté, était là au début de l’usine. Il est connu et apprécié dans plusieurs ateliers. Comme beaucoup de travailleurs, à cause des cadences, des postes surchargés et mal adaptés, il a été abîmé par le travail, attrapant dernièrement une tendinite au coude. Au retour d’un congé maladie, le médecin du travail de l’usine l’a déclaré apte à reprendre le travail, sous réserve de quelques restrictions. Mais, pour Toyota, il faut être 100 % apte pour l’exploitation… ou c’est la porte.
Son chef lui a expliqué qu’il n’avait pas de travail pour lui, la direction l’a renvoyé pour une autre visite chez le médecin, qui a maintenu son avis. Durant trois jours, il a subi les pressions du responsable d’atelier pour qu’il rentre chez lui, jusqu’à l’accuser d’insubordination parce qu’il donnait des coups de main à ses collègues sur la ligne ! Le lendemain matin, son badge était désactivé.
Jusqu’à présent, les ouvriers abîmés par le travail et déclarés inaptes étaient placés en « dispense d’activité payée », puis étaient convoqués quelques mois, un an, deux ans plus tard pour un entretien en vue d’un licenciement pour « impossibilité de reclassement » !
Comment croire qu’une entreprise comme Toyota n’ait pas les moyens d’adapter un poste de travail pour tous ceux qui en ont besoin ? En fait, cette procédure vise à licencier en douce, en isolant de leurs collègues ceux placés en dispense d’activité, avec des possibilités réduites de se défendre. La technique était jusqu’à présent bien rodée.
Mais, cette fois-ci, cela concerne un ouvrier apte, mais avec des restrictions, alors qu’il y en a des centaines à avoir des restrictions et des problèmes de tendinites et d’articulations !
En refusant d’être le prochain sur la liste, cet ouvrier a mis au centre de nombreuses discussions la nécessité de se défendre collectivement. D’autant plus que beaucoup se demandent si les 700 embauches en CDI annoncées sur trois à quatre ans, lors de la visite de Macron le 22 janvier, ne seraient pas destinées à remplacer les plus anciens et les plus abîmés.
Le 24 janvier, le directeur de l’usine a présenté ses vœux, en réunissant l’ensemble des salariés pendant le temps de travail, et a de nouveau mis en valeur les annonces faites deux jours plus tôt aux côtés de Macron, mais il n’y a que les premiers rangs composés de cadres qui ont applaudi.