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Leur société
Universités : une sélection injuste
Le projet de loi définissant les nouvelles modalités d’entrée à l’université a été voté en première lecture par l’Assemblée nationale mardi 19 décembre. Il se traduira par un tri serré des étudiants, limitant l’accès de certains d’entre eux aux études désirées.
Lors de la rentrée 2017, la sélection s’était faite par tirage au sort, dans 169 formations où le nombre de candidats dépassait les possibilités d’accueil. La nouvelle loi entend corriger ce système en permettant aux universités de sélectionner leurs candidats d’après leurs résultats scolaires. Mais, que l’on choisisse une méthode ou une autre, cette sélection se fait dans un contexte où les moyens accordés à l’enseignement supérieur, et au-delà à toute l’Éducation nationale, sont largement insuffisants. Et c’est bien là le problème. Si ce n’était pas le cas, on pourrait augmenter le nombre de places offertes dans ces formations, et donc permettre à beaucoup plus d’étudiants d’accéder aux études souhaitées. Et il aurait été possible également, avant le baccalauréat, d’élever le niveau scolaire de celles et ceux qui risquent d’être refusés.
Les critères d’admission seront définis par les universités elles-mêmes, le ministère s’étant limité à de vagues formulations telles que « avoir un goût prononcé pour la lecture » en lettres ou « être intéressé par la démarche scientifique » pour les sciences. Les universités ayant ensuite carte blanche, on peut déjà prévoir qu’elles vont entrer en concurrence pour s’arracher les meilleurs étudiants, et donc définir les critères de sélection les plus élevés possible.
Le projet gouvernemental prévoit l’organisation de cours de mise à niveau pour les étudiants. Mais on peut douter de leur efficacité. Pour permettre à ces cours de remplir leur objectif, il faudrait des moyens, que le gouvernement refuse précisément aux universités. Quant aux autres études que le gouvernement jugerait plus adaptées, par exemple les brevets de technicien supérieur (BTS) pour les bacheliers professionnels, leur accès est déjà soumis à une sélection sur bulletin scolaire et le ministère n’envisage pas d’y augmenter le nombre de places. Comme les années précédentes, une partie des bacheliers, après avoir vu toutes les portes se fermer, en seront donc réduits à se mettre en quête d’un employeur pour faire une formation par l’apprentissage ou à payer une école privée, voire à s’inscrire à Pôle emploi.
À tous les niveaux du système scolaire, ce gouvernement préfère, comme les précédents, éliminer certains jeunes plutôt que de consacrer des moyens qui leur permettent de réaliser leurs aspirations. Changer les modalités de sélection ne diminue en rien cette injustice.