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- Lutte ouvrière n°2576
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Dans les entreprises
Safran – Villaroche : débrayage pour les intérimaires
L’usine Safran de Villaroche, en Seine-et-Marne, qui fabrique des moteurs d’avion, compte plus de 50 intérimaires dans l’atelier montage et plus de 500 sur tout le site, où travaillent 5 000 salariés, dont 1 500 à la production.
C’est dans un de ces ateliers que mardi 7 décembre, les travailleurs apprenaient que quatre de leurs camarades intérimaires avaient été recalés à leur entretien d’embauche. Ils avaient donné satisfaction à la hiérarchie du centre, mais la direction du groupe les avait refusés. Le prétexte était une obscure enquête administrative venant du ministère de la Défense – l’usine travaillant pour l’aéronautique – qui aurait donné un avis défavorable.
Ces travailleurs étaient là depuis des mois, avaient été formés et considérés tout ce temps tout à fait aptes à travailler en tant qu’intérimaires. Mais quand il s’est agi de les embaucher, ils ont été traités comme des voyous et on leur a reproché des infractions bégnines de jeunesse.
C’était la colère dans le bâtiment ouvrier, où un groupe a immédiatement décidé de dénoncer la décision de la direction. Des bruits couraient déjà dans l’atelier sur la présence de fichés S ou de criminels, mais la majorité des salariés ne se sont pas laissés prendre à ces discours nauséabonds. Dès le lendemain, un tract distribué par la CGT et des salariés du secteur a appelé à un débrayage en déclarant : « Les voyous ce ne sont pas nos collègues, c’est les patrons. »
Le jeudi 9 décembre, les cortèges regroupant au total 250 travailleurs des équipes du matin puis du soir se sont rendus à la direction du centre. Continuant à se cacher derrière la décision du ministère de la Défense, la direction a renvoyé les quatre intérimaires chez eux, en les payant jusqu’à la fin de leur contrat. Il y a quinze ans, l’entreprise soignait son image en se vantant d’intégrer des jeunes de cité sur le centre, mais aujourd’hui sa politique semble être de les mettre dehors !
Au-delà de l’avis du ministère de la Défense, dans la droite ligne du mépris gouvernemental contre les travailleurs, les patrons de Safran font comme les autres : ils veulent bien des salariés, mais les plus précaires possibles. Et cela même dans une usine qui croule sous les commandes internationales. Comme quoi ce n’est pas l’incertitude sur la conjoncture économique mais leur intérêt qui pousse les patrons à précariser les salariés.