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- Lutte ouvrière n°2576
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Leur société
Bois Rouge – Île de La Réunion : les grévistes font plier Tereos
Mardi 5 décembre, à l’appel de la CGTR et de FO, les ouvriers de l’usine sucrière de Bois Rouge à Saint-André, dans l’île de La Réunion, ont cessé le travail. À deux semaines de la fin de la campagne sucrière, cela a bloqué le traitement des cannes coupées.
La direction du groupe sucrier Tereos, acheteur de la canne, leur avait en effet annoncé en commission paritaire sa décision d’augmenter la valeur de l’« écart technique », le chiffre qui mesure la perte de la teneur en sucre des cannes entre leur réception et leur traitement à l’usine. La conséquence était d’abaisser le montant de leur prime d’intéressement de 2 038 euros l’an dernier à 1 600 euros cette année. Alors que les syndicats revendiquaient que cette prime soit portée cette année à 2 500 euros !
L’incompréhension et la colère étaient d’autant plus grandes parmi les travailleurs que l’établissement de Bois Rouge s’est doté ces dernières années de machines beaucoup plus performantes qu’avant, permettant de traiter les cannes dans la journée, limitant de ce fait la perte en sucre lors des opérations d’extraction.
Un gréviste exprimait ainsi son indignation en disant : « De toute façon, soit la direction ment, soit elle est incompétente. Ce n’est donc pas aux ouvriers de payer. »
À cela se sont ajoutées l’annonce d’une récolte de canne « historique » cette année, qui aura pour effet d’enrichir encore plus patrons et actionnaires de Tereos, ainsi que l’aide supplémentaire de 28 millions d’euros du gouvernement français qui vient en complément des 76 millions du Posei (Europe) et des 90 millions annuels d’aide nationale, « pour soutenir la filière canne »... et donc Tereos !
L’arrêt total de l’usine pendant une semaine a eu raison de l’obstination de la direction. Cette dernière, prise à son propre piège à deux semaines de la fin de la campagne sucrière, devant faire face aussi à la colère des planteurs qui ne pouvaient plus livrer leur canne, annonçait vendredi 8 décembre aux grévistes qu’elle acceptait de relever le montant de la prime à 2 300 euros. De plus, le versement se fera en une seule fois et non pas 60 % en décembre et 40 % en avril comme les années précédentes. Enfin une négociation est prévue avec les syndicats au premier trimestre 2018 pour revoir les critères de calcul de cette prime. Les journées de grève n’étant pas payées, elles seront prises sur les RTT ou les congés payés.
Cette grève menée par les ouvriers de Bois Rouge s’est montrée efficace. Elle leur a permis de ne pas perdre de l’argent mais d’en gagner plus. Rien de tel pour faire plier les patrons que l’action collective et déterminée des travailleurs.