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Migrants : Collomb planifie la chasse à l’homme
Dans une circulaire envoyée le 20 novembre, Gérard Collomb, premier flic de France, exige des préfets des résultats chiffrés dans l’expulsion des étrangers sans papiers, avec des plans précis par département.
Les préfets sont sommés de lui présenter d’ici fin février « un bilan de la lutte contre l’immigration irrégulière » et de se concentrer sur « l’éloignement contraint des ressortissants de pays tiers vers les pays tiers ». Cette circulaire s’ajoute aux instructions répétées depuis l’installation de Macron à l’Élysée : la police doit traquer les femmes et les hommes sans papiers, pour les enfermer dans des centres de rétention administrative, avant de les expulser vers leur supposé pays d’origine ou vers le pays de l’Union européenne par lequel ils sont arrivés en Europe. Collomb annonce d’ailleurs la création de 200 places supplémentaires dans ces prisons pour étrangers que sont les centres de rétention.
Dans l’attente du énième durcissement des lois contre l’immigration, qu’il prépare pour le printemps 2018, Collomb vise les milliers de déboutés du droit d’asile qui, selon lui, « s’installent dans un no man’s land administratif ». Il prévoit de placer en résidence surveillée tous ceux qui font une demande d’asile et de communiquer aux préfectures « en temps réel » la liste des déboutés. Ainsi, la police pourrait venir les rafler directement sur leur lieu d’hébergement.
Depuis le limogeage du préfet du Rhône en octobre, les centres de rétention sont pleins, car les préfets enferment davantage. Même si de nombreuses personnes, incarcérées en toute illégalité, finissent par être libérées par les juges, cette politique place des milliers de femmes et d’hommes, dont le seul crime est d’avoir fui la misère ou la guerre au péril de leur vie, sous la menace permanente d’une arrestation.
Sous la pression gouvernementale, les préfectures s’en prennent en particulier aux mineurs étrangers isolés, dont le nombre est passé de 13 000 en 2016 à 25 000 en 2017. Elle conteste leur âge en leur imposant des tests peu fiables et en leur faisant subir de véritables interrogatoires. Tous les jeunes déclarés majeurs peuvent être expulsés du jour au lendemain. Ils sont livrés à eux-mêmes pour se nourrir ou se loger, ou bien doivent compter sur des associations débordées ou sur la solidarité des riverains de leurs abris de fortune.
Pendant que Macron dénonce avec emphase les crimes contre l’humanité dont sont victimes les migrants africains en Libye, son ministre de l’Intérieur renforce les contrôles aux frontières, déboute les demandeurs d’asile et met tout en œuvre pour renvoyer les migrants vers l’enfer qu’ils ont quitté. En rabâchant « qu’ils ne peuvent pas accueillir toute la misère du monde » et en traquant les migrants, Macron et Collomb visent à enfoncer un coin entre les travailleurs, selon qu’ils ont ou pas des papiers. Il faut refuser de se laisser entraîner dans cette guerre fratricide et exiger la liberté de circulation et d’installation pour tous les migrants !