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Dans le monde
Honduras : le dictateur fabrique l’élection
Il paraît que la guerre froide est terminée, mais pas au Honduras, ce pays de neuf millions d’habitants au cœur de l’Amérique centrale, où 60 % de la population survit dans la pauvreté.
Dimanche 3 décembre, c’était les élections générales. Alors que le résultat est en sa défaveur, le président sortant, Juan Orlando Fernandez, qui légalement n’avait même pas le droit de se représenter, s’est autoproclamé vainqueur !
En 2009, un coup d’État avait renversé le président Manuel Zelaya. Ses adversaires lui reprochaient de vouloir se représenter, alors qu’il n’en avait pas manifesté l’intention. Le coup d’État avait été mené, dans la coulisse, par des services dépendant de Washington, comme au bon vieux temps, quand la CIA orchestrait les changements de régime à la convenance des États-Unis.
Depuis, la situation du Honduras s’est bien aggravée. En 2013, quand Juan Orlando Fernandez ne présidait encore que le Parlement, il a réussi à prendre le contrôle de l’ensemble des pouvoirs du pays, la Cour suprême de justice d’abord, puis l’armée et la police. Ensuite, il s’est fait élire président et a poursuivi la mise en coupe réglée du pays.
Le territoire a été militarisé et toute opposition politique et sociale réprimée. Les syndicalistes, les journalistes, les militants des droits de l’homme, les écologistes opposés aux projets des multinationales sont victimes de leurs hommes de main, voire de leurs tueurs. Dans ce régime dictatorial et corrompu, les narcotrafiquants ont trouvé leur place.
Le dictateur n’a pas traîné à se proclamer président pour ne pas être écarté du pouvoir, alors que l’opposition de gauche, selon les premiers décomptes, a obtenu 47 % des voix, dépassant de six points les alliés du président. Les résultats finaux étaient annoncés pour le jeudi 7 décembre. La présence de quelque 16 000 observateurs internationaux lors de ces élections n’a pas dissuadé le président d’annoncer que, d’ici là, il aurait repris l’avantage. Par un bourrage méthodique des urnes ?
On notera en tout cas que ni Donald Trump ni son administration, si prompts à dénoncer comme dictateurs les gouvernements de pays comme Cuba ou le Venezuela, n’ont pipé mot ; même pas un tweet. Cette dictature-là leur va très bien.