Emploi : le patronat répand la précarité06/12/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/12/P3_Lupo_bowling_suppr_emplois_6.jpg.420x236_q85_box-0%2C192%2C2048%2C1344_crop_detail.jpg

Leur société

Emploi : le patronat répand la précarité

Les statistiques du ministère du Travail relèvent une baisse de plus de 10 % des plans de licenciements économiques, les PSE, au premier semestre 2017 par rapport à 2016. Le nombre de salariés ayant adhéré à un contrat de sécurisation professionnelle, nouvelle étape quasi obligatoire pour ceux qui sont licenciés pour raison économique, a été divisé par quatre depuis 2015.

Illustration - le patronat répand la précarité

Y a-t-il moins de travailleurs jetés à la rue ? Pas du tout. Le patronat dispose déjà du cadeau fait par l’ancien gouvernement socialiste avec les lois de 2013 et la loi El Khomri, qui ont rendu beaucoup plus faciles les licenciements économiques. Il a aussi bien d’autres moyens à sa disposition pour réduire les effectifs et aggraver le chômage réel.

Parmi ces mesures, il y a d’abord l’utilisation renforcée des emplois précaires, les CDD et encore plus l’intérim. En octobre 2017, le nombre d’inscriptions à Pôle emploi au titre des fins de contrats CDD ou intérimaires représentait 26 % du total, contre 2,2 % d’inscriptions pour les licenciements pour cause économique. On constate une hausse de l’emploi intérimaire, tout particulièrement dans l’industrie et le bâtiment. Le représentant des employeurs de l’intérim y voyait l’effet de la reprise, alors qu’en réalité cela traduit d’abord la transformation d’anciens emplois CDI en emplois très précaires, en intérim.

Un exemple démonstratif a été donné il y a peu par l’usine Bridgestone France à Béthune. La direction de cette usine de pneumatiques, dans le trio de tête mondial, vise à augmenter sa production à Béthune jusqu’à 20 000 pneus par jour, et a fait de la publicité sur sa politique de l’emploi à l’aide d’un reportage sur France 2. Le directeur de l’usine y annonçait fièrement qu’il avait besoin de plusieurs dizaines d’emplois durables, voire de plusieurs centaines, et montrait comment il résolvait son problème : en faisant installer un bureau de l’entreprise d’intérim Randstat dans l’atelier même. Les salariés sont recrutés par la société d’intérim, avec une sélection assez poussée faite par Bridgestone même. Ensuite, les quelques sélectionnés se retrouvent intérimaires au long cours dans les mêmes ateliers de Bridgestone.

La pratique de l’intérim s’est aussi généralisée au mépris des lois qui prérendent la réglementer et qui, théoriquement, continuent à l’interdire. La direction de Bridgestone, loin de se retrouver sur les bancs du tribunal, s’en vante à la télévision devant des journalistes aux ordres qui s’extasient sur ses méthodes de voyou.

L’emploi précaire est ainsi devenu la norme. Toutes les grandes entreprises, sur les chaînes, les chantiers ou ailleurs, en usent et en abusent. Mais qui dit emploi précaire dit aussi paye précaire, avec des salariés passant de l’état de salarié à celui de chômeur en un claquement de doigts.

La seule chose que cette évolution est certaine de provoquer… ce sont les révoltes de demain de ces travailleurs, les plus jeunes pour beaucoup, qui en auront assez.

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