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- Lutte ouvrière n°2575
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CHU de Pointe-à-Pitre : incendie résultat d’une politique criminelle
Cet article est l’éditorial des bulletins d’entreprise de nos camarades de Combat ouvrier (Antilles-UCI)
Le 28 novembre, un grave incendie a provoqué la fermeture du Centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre – Abymes, en Guadeloupe. En quelques heures, l’ensemble du personnel et des malades a dû être évacué, soit 1 200 personnes en tout.
Grâce au dévouement des agents de l’hôpital, l’évacuation s’est relativement bien passée, étant donné les circonstances. Une enquête est en cours pour déterminer les causes de cet incendie très important. Mais on peut d’ores et déjà affirmer que la principale coupable est la politique d’économies sur la santé menée depuis des décennies par les gouvernements successifs.
Du fait de cette politique criminelle, le CHU de Pointe-à-Pitre ne satisfait plus depuis bien longtemps aux normes de sécurité les plus élémentaires. Il semblerait que le 28 novembre les équipements anti-incendie n’aient pas bien fonctionné, notamment les portes coupe-feu et les extracteurs de fumée. On a entendu l’appel surréaliste du sous-préfet demandant à la population d’apporter sur place des extracteurs de fumée pour aider les pompiers à intervenir ! Malgré leur bonne volonté, il a fallu dix heures pour que ceux-ci viennent à bout du sinistre. Quelle que soit l’origine de l’incendie, il est évident que c’est la vétusté du CHU et de ses équipements qui est en cause. D’ailleurs, quatre jours plus tard, un autre incendie s’est produit au CHU, à cause d’un générateur électrique défectueux.
Encore à cause de cette politique criminelle, certains agents hospitaliers n’ont jamais participé à un exercice d’évacuation. Pour les autorités, il vaut mieux faire la politique de l’autruche, et ne pas préparer le personnel à affronter une telle situation, cela coûte moins cher.
Enfin, c’est toujours à cause de cette politique criminelle que l’État ferme les petites structures de soins, comme l’hôpital de Marie-Galante, pour concentrer un maximum de services sur un établissement unique comme le CHU. Une partie des accouchements qui étaient prévus au CHU sera assurée par la polyclinique des Abymes. Comment l’État va-t-il justifier la fermeture de cette polyclinique, programmée pour le mois de février au nom de la sacro-sainte rentabilité, et qui menace de laisser sur le carreau quinze agents ? Va-t-on toujours expliquer qu’il est judicieux de regrouper tous les accouchements sur le seul CHU, alors que les événements viennent de prouver le contraire ? Macron a envoyé dès le lendemain de l’incendie la ministre de la Santé pour faire passer la pilule.
La ministre s’est vantée que l’incendie n’avait fait aucune victime, ce qui est faux. Un agent d’entretien a été gravement intoxiqué par les fumées. Piégé par le feu, il a réussi à s’échapper par une fenêtre, mais ensuite il a dû être placé dans le coma. Quant aux malades, qui peut affirmer que tous se remettront de l’évacuation ? Et les patients atteints de cancer qui n’ont pas eu de traitement car la Radiothérapie, comme le reste, a dû fermer ?
La ministre a prétendu que tout irait bien grâce à l’hôpital de campagne qui a été installé. Mais il ne pourra pas compenser la destruction des services vitaux du CHU tels les Urgences, la Réanimation, le Bloc opératoire. D’autant plus que l’on approche des fêtes de fin d’année, pendant lesquelles les accidents sont malheureusement fréquents.
Lorsque les autorités se félicitent de ce que le pire a été évité lors de cet incendie, ce n’est qu’un discours hypocrite. C’est leur politique criminelle de casse du service public de la santé qui a abouti à une telle catastrophe !