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Leur société
Metz : une évacuation scandaleuse
Près de mille personnes, dont 300 enfants, ont été évacuées mercredi 15 novembre au petit matin du campement de Metz-Blida en Moselle. Ce bidonville était « organisé » par la préfecture, qui en avait confié la gestion à la société Adoma dont la devise est « l’insertion par le logement ». L’entrée était contrôlée par une société de gardiennage.
Depuis avril, ce petit bout de l’ancien parking des bus urbains, situé en face de l’usine d’incinération de Metz, était tout ce qu’avaient trouvé l’État français et les pouvoirs publics pour héberger les migrants arrivant tous les jours dans la ville pour faire une demande d’asile, migrants en provenance, pour la majorité, des pays issus de l’ex-Yougoslavie, mais aussi d’Afrique noire ou du Maghreb. Selon la préfecture, 4 000 réfugiés sont ainsi arrivés à Metz depuis janvier 2017 et un millier étaient dans le camp au moment du démantèlement.
C’est un choix de ne pas les accueillir dignement. Selon le dernier pointage de l’Insee, la ville de Metz comptait pas moins de 8 419 logements vides. Sans parler des nombreuses casernes inoccupées suite au départ des militaires ; l’une d’elles a d’ailleurs été réquisitionnée à la hâte le 15 novembre pour y héberger une partie des migrants, tandis que les autres étaient logés aux quatre coins de la Moselle et du pays.
Depuis des mois, les associations humanitaires et le Comité mosellan de lutte contre la misère dénonçaient les conditions d’accueil des réfugiés : pour seul toit, des tentes fournies par les associations, la compagnie des rats et des eaux usées suintant des sanitaires, tout cela avec les températures proches de zéro de cet automne. Une quarantaine d’enfants de moins de deux ans étaient obligés de vivre dans cet enfer.
Les demandes de réquisition des logements vides sont restées lettre morte, le ministre de l’Intérieur, répondant à une élue qui le saisissait du problème, que « les conditions sanitaires sont correctes » dans le camp de Blida à Metz.
Comme à chaque fois, l’évacuation s’est doublée d’une opération de police, une partie des occupants du bidonville étant transférée au centre de rétention administrative.
Voilà comment l’État d’une des plus riches puissances de la planète accueille ceux qui fuient la guerre, la misère, la faim ou les mafias… ou tout cela ensemble.