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- Lutte ouvrière n°2573
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Editorial
Les voyous, ce sont les patrons et leurs représentants !
Cinq mois de prison avec sursis, telle est la peine encourue par les neuf militants CGT de l’usine PSA de Poissy, dans les Yvelines, faussement accusés par leur direction de séquestration et de violences psychologiques en réunion. Tout est révoltant dans le procès qui leur est fait : les mensonges de la direction, l’attitude de la justice qui traite les ouvriers qui se défendent comme s’il s’agissait de voyous et de délinquants. Mais cela n’a rien d’un cas isolé.
En juillet dernier, à la suite d’accusations tout aussi mensongères, le secrétaire de la CGT de cette même entreprise a été condamné à six mois de prison avec sursis. À l’usine PSA de Mulhouse, six militants sont mis en examen pour distribution d’un tract syndical que la direction juge diffamatoire. Pour la direction de Peugeot, tout est bon pour tenter de briser des militants combatifs : pressions quotidiennes, intimidations, sanctions, demandes de licenciement et maintenant recours aux tribunaux.
L’attitude des dirigeants de PSA est à l’image de celle de l’ensemble du patronat depuis des années. Les travailleurs d’Air France avec l’affaire de la chemise déchirée, ceux de Goodyear qui luttaient contre la fermeture de leur usine et ceux de bien d’autres entreprises ont dû affronter la même répression.
Quand les patrons s’en prennent aux militants ouvriers, ils cherchent à renforcer l’arbitraire que subissent quotidiennement l’écrasante majorité des travailleurs : pressions pour augmenter le rythme de travail, temps de pause réduits, chantage permanent à l’emploi... Et tout cela dans un seul objectif : augmenter les profits et enrichir les actionnaires !
PSA, qui se prétendait au bord de la faillite il y a cinq ans, a réalisé plus d’un milliard d’euros de profit au premier semestre 2017. Des bénéfices obtenus en supprimant 33 000 emplois depuis 2011, en augmentant le recours aux contrats précaires et en aggravant l’exploitation de l’ensemble des travailleurs du groupe.
Dans tout l’arsenal antiouvrier fourni au patronat par les ordonnances de Macron, il y a une mesure qui vise directement les militants ouvriers : la fusion programmée d’ici le 31 décembre 2019 du comité d’entreprise, des délégués du personnel et du comité hygiène et sécurité en une instance unique, le comité social et économique. L’objectif est clair : diminuer le nombre de représentants du personnel qui, dans les plus grandes entreprises, sera divisé par deux. Il est aussi prévu de limiter à trois le nombre de mandats successifs. « Pour favoriser la représentativité des salariés », ose prétendre le gouvernement ! En réalité, Macron a donné satisfaction au patronat, qui souhaite empêcher les travailleurs de choisir librement ceux qu’ils jugent les plus aptes à les représenter et à défendre leurs intérêts.
La ministre du Travail, ancienne DRH de Danone, déclare vouloir favoriser la professionnalisation du syndicalisme, autrement dit un syndicalisme davantage soumis à l’influence patronale qu’à celle des travailleurs. La bourgeoisie et ses porte-voix prétendent que la lutte de classe est dépassée mais, par toute leur attitude et leur politique, ils démontrent l’inverse : cette lutte de classe, ils ne cessent de la mener contre les travailleurs !
Les journées d’action organisées depuis le mois de septembre ont permis à des centaines de milliers de femmes et d’hommes de montrer leur opposition aux attaques gouvernementales et patronales. Pour mettre un coup d’arrêt aux reculs sociaux, une lutte générale de l’ensemble du monde du travail sera nécessaire. La classe ouvrière a la force d’imposer ses droits.
Les travailleurs ont montré dans le passé qu’ils pouvaient se battre et se défendre même à l’époque où la bourgeoisie leur refusait le droit de faire grève et leur envoyait l’armée pour réprimer. Il leur a fallu mener des luttes pour conquérir le droit de s’organiser dans des syndicats. C’est la grève générale de Juin 36 qui a imposé le droit des travailleurs d’avoir des délégués dans les entreprises.
En montrant sa rapacité et son arrogance d’une façon de plus en plus ouverte, c’est la bourgeoisie elle-même qui finira par provoquer une explosion sociale. Et c’est bien la seule chose qu’elle n’aura pas volée !
Éditorial des bulletins d’entreprise du 20 novembre 2017