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Leur société
Budget : au bonheur des promoteurs
Dans le projet de loi de finances, le gouvernement avait prévu de restreindre légèrement le champ d’application d’une des niches fiscales les plus prisées de tous ceux qui ont de l’argent à placer : la défiscalisation des investissements immobiliers.
Selon la loi Pinel, dernier dispositif en date d’une série qui remonte au milieu des années 1980, le propriétaire d’un logement neuf qui le met en location bénéficie d’une réduction d’impôt sur le revenu, variable selon la durée du bail, qui peut aller jusqu’à 21 % du prix du logement, voire 32 % en outre-mer. Les loyers sont réglementés et inférieurs au prix du marché du logement neuf mais, dans les villes où les logements manquent, la différence est peu marquée et les montants des loyers restent très élevés, surtout pour les petites surfaces.
Les logements Pinel n’ont donc rien de social. En revanche, ils coûtent très cher à l’État : 240 millions d’euros pour l’année 2016. Et, comme les prix de ces logements neufs sont souvent très élevés, ce sont surtout les promoteurs immobiliers qui en tirent bénéfice. Parmi eux se trouvent certaines des plus riches entreprises françaises, comme Bouygues ou Vinci.
Le gouvernement Philippe avait prévu de réduire à partir de 2018 les zones dans lesquelles s’applique cette défiscalisation. Mais, face aux protestations des promoteurs, il a accordé un délai supplémentaire d’un an aux communes qui devaient sortir du dispositif, et l’a maintenu dans les villes désertées par l’armée, où les investisseurs lorgnent sur les anciens terrains militaires désaffectés.
L’argent englouti par la défiscalisation serait bien plus utile s’il servait à construire directement les millions de logements populaires qui manquent dans le pays. Mais ce gouvernement, en bon serviteur des capitalistes, préfère préserver le marché profitable des promoteurs, tandis qu’il réduit le budget du logement social et les APL.