Arabie saoudite : Macron à la rescousse du prince pétrolier23/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2573.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Arabie saoudite : Macron à la rescousse du prince pétrolier

Après avoir été retenu en Arabie saoudite pendant plus d’une semaine, Saad Hariri, le Premier ministre libanais, qui avait annoncé sa démission à la télévision saoudienne le 4 novembre, a débarqué à Paris le samedi 18 novembre avant de rejoindre le Liban.

Derrière les sourires des photos officielles, cette opération était en fait une sorte d’exfiltrage d’Hariri des mains de ses puissants tuteurs saoudiens, après l’échec de leur tentative de coup de force au Liban. La diplomatie française espère bien en tirer profit.

En convoquant en Arabie saoudite Saad Hariri et en le forçant à annoncer publiquement sa démission, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, MBS, espérait provoquer une crise politique au Liban. Hariri avait justifié sa démission en dénonçant l’influence croissante du parti libanais pro-iranien, le Hezbollah. L’objectif de l’Arabie saoudite était de dresser une partie de la classe politique, voire de la population libanaise, contre le Hezbollah, mais visiblement le coup a manqué. Le président libanais a refusé la démission de son Premier ministre. Et même les politiciens libanais pro-saoudiens n’ont pas osé suivre MBS dans son entreprise hasardeuse, craignant les conséquences pour la stabilité du Liban.

Devant cet échec, Macron a sauvé la mise au pouvoir saoudien. En invitant Hariri à venir à Paris, il a libéré en douceur le Premier ministre libanais de sa résidence plus ou moins forcée en Arabie saoudite. Le prince saoudien MBS a voulu agir en chef autoritaire d’une grande puissance régionale, dictant sa politique à un pays où il exerce une influence importante, pour montrer que l’Arabie saoudite est décidée à contrer l’influence croissante de l’Iran et des ses alliés. Mais même le parrain américain de MBS, Trump, au style tout aussi brutal, s’est gardé de le soutenir publiquement dans cette affaire. Macron était alors l’homme de la situation, permettant à l’Arabie saoudite de reculer sans trop perdre la face après sa tentative ratée.

Macron joue les pacificateurs et se vante de « parler à tout le monde », de l’Arabie saoudite à l’Iran. En effet, aujourd’hui la diplomatie française se met au service de MBS, demain elle plaidera pour défendre l’accord nucléaire iranien. C’est que, si la France, ancienne puissance coloniale dans la région, y a depuis longtemps perdu son influence dominante, elle ne cherche pas moins à y faire des affaires, et bien sûr avec tout le monde, l’Arabie saoudite comme l’Iran. Vendre des armes, des hôtels de luxe, obtenir des contrats pour ses grands groupes pétroliers ou pour ceux du bâtiment : voilà l’objectif de Macron.

Si tout cela nécessite de jouer les entremetteurs entre puissances régionales rivales, de faire des courbettes devant des princes aussi réactionnaires que riches et de tresser une auréole à un Premier ministre margoulin, Macron mouillera sa chemise pour cela. C’est ce qu’attend de lui le grand patronat français.

Partager