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Leur société
Tribune des scientifiques : un avertissement à qui ?
Une tribune signée de quinze mille scientifiques originaires de 184 pays a été publiée le 13 novembre, dans une revue scientifique. Avec cet Avertissement à l’humanité, les biologistes, physiciens, astronomes, chimistes ou spécialistes du climat signataires veulent attirer l’attention sur la nécessité de freiner la destruction de l’environnement et pour l’humanité « d’adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique actuelle ».
Outre les émissions de gaz à effet de serre, responsables de l’accélération du réchauffement climatique, les auteurs dressent la liste des calamités qui s’abattent sur la planète, du dépérissement de la vie marine à l’augmentation de zones mortes, c’est-à-dire sans oxygène, dans les océans, en passant par la disparition d’écosystèmes entiers, la raréfaction de l’eau douce ou encore la déforestation.
S’ils dénoncent une catastrophe écologique réelle, ils se bornent à déplorer « notre refus de modérer notre consommation matérielle intense », notre incapacité à limiter la croissance de la population, à « réévaluer le rôle d’une économie fondée sur la croissance » et à « réexaminer nos comportements individuels ». En tant que consommateur, chaque être humain serait donc également responsable de la dégradation de l’environnement, les auteurs concédant tout de même que la consommation est « géographiquement et démographiquement inégale ».
C’est le moins qu’on puisse dire dans un monde où la malnutrition progresse, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans d’Asie du sud et d’Afrique. Et faut-il rappeler que des millions d’êtres humains ne peuvent se nourrir qu’en pratiquant des activités dangereuses pour eux comme pour l’environnement ? En Haïti par exemple, 98 % de la couverture végétale a disparu. « C’est la misère qui coupe les arbres » constatait un militant associatif local, car pour survivre, nombre d’habitants n’ont pas d’autres choix que de défricher un lopin de terre et de défricher à côté lorsque le terrain est trop érodé. Aux quatre coins du monde, des activités industrielles empoisonnent travailleurs et environnement pour le plus grand profit des entreprises qui n’hésitent pas à piétiner les réglementations dans les pays où elles existent.
La planète n’est pas malade de supporter trop de population, trop de production ou trop de consommation. Elle est malade d’un mode de production qui n’obéit qu’aux lois du profit égoïste, où au nom de la liberté d’entreprendre tout possesseur de capitaux peut se lancer dans des activités polluantes, mais qui lui rapportent du profit. Toute planification prenant en compte à la fois les besoins humains et les ressources de la planète est exclue, tant qu’existe cette liberté du capital qui n’est pas seulement la liberté d’exploiter l’humanité, mais aussi celle de lui rendre la vie impossible.