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Brésil : les militaires veillent
« Si les institutions ne résolvent pas le problème politique, par l’action du judiciaire, en chassant de la vie publique tous ces gens impliqués dans des délits, alors, c’est nous qui le ferons », a déclaré le 15 septembre le général brésilien Mourao.
Ce général est connu pour ses opinions d’extrême droite, qui lui ont valu d’être en 2015 relégué à l’état-major, sans troupes sous ses ordres. Il reste le numéro trois de l’armée de terre.
Les autres membres de l’état-major n’ont pas fait bloc derrière lui, mais ils ne se sont pas non plus désolidarisés. Le chef de l’armée a même assuré : « En cas de chaos, la Constitution concède aux forces armées un mandat pour intervenir. » Et il a justifié le coup d’État militaire de 1964 qui a ouvert vingt ans de dictature, en prétendant que c’était « une exigence de la société ». Récemment, les militaires ont été froissés par la mise sur pied d’une commission de la Vérité sur la dictature, qui a indemnisé et rétabli dans leurs droits les victimes des militaires. Aucun de ces derniers en revanche n’a jamais été condamné ni même jugé.
Parmi les civils aussi, on trouve des partisans de l’intervention de l’armée. Ils se reconnaissent à l’Assemblée dans le député Jair Bolsonaro, un ancien militaire, ami de Mourao, qui veut être candidat à la présidence en 2018. Dans les sondages, il est second derrière Lula, avec 20 % des intentions de vote.
Les milieux officiels et la presse ont réagi aux propos de Mourao en affirmant que l’armée était fidèle à la démocratie et qu’un coup d’État militaire était impossible au Brésil. C’est ce qui se disait du Brésil en 1964 et du Chili en 1973, quand la gauche préférait ignorer les préparatifs de coup d’État bien réels.
Il n’y a sans doute pas au Brésil de risque immédiat d’un putsch militaire. Jusqu’à présent le gouvernement parvient à mettre en œuvre les plans de la bourgeoisie, sans que la classe ouvrière les menace sérieusement. Mais les discours de Mourao rappellent que l’armée veille.