- Accueil
- Lutte ouvrière n°2566
- Un film de Raoul Peck : Le jeune Karl Marx
Divers
Un film de Raoul Peck : Le jeune Karl Marx
L’histoire des révolutionnaires est très ancienne, mais il n’est pas fréquent de la voir au cinéma. C’est pourtant ce qu’a fait Raoul Peck, en montrant l’itinéraire de deux d’entre eux entre 1843 et 1848. Deux jeunes intellectuels allemands, révolutionnaires et communistes, Marx et Engels, vont faire le choix de se mettre au service des combats de la classe ouvrière européenne naissante. De ce choix naîtra le programme qui est encore aujourd’hui celui de son émancipation.
On voit ainsi le monde dans lequel Marx et Engels ont forgé leurs idées. On voit l’Angleterre industrialisée et sa classe ouvrière, où les femmes ont une place importante. À la même époque, en Allemagne, des intellectuels combattent le despotisme prussien en utilisant le langage de la philosophie dans des journaux et des pamphlets. Marx et Engels, âgés de 25 et 23 ans, sont issus de ce milieu. Devenant communistes, ils décident de combattre les conceptions philosophiques de leurs anciens camarades, rompent idéologiquement avec eux et se tournent vers les militants ouvriers de toute l’Europe. Marx expulsé de Prusse se retrouve en France, à Paris. Il participe aux réunions ouvrières et y rencontre des militants comme Proudhon et Bakounine, dont les idées sont à la base de l’anarchisme.
Marx est rejoint par Engels et leur objectif commun va alors être d’armer le mouvement ouvrier d’une conception scientifique du communisme, fondée non seulement sur l’aspiration à l’égalité, mais aussi appuyée sur une compréhension du développement historique et de la lutte des classes.
C’est dans l’enthousiasme que Marx et Engels prennent contact et adhèrent à l’une des organisations ouvrières les plus importantes de l’époque, la Ligue des justes, dont le quartier général est à Londres mais qui a des militants dans toutes les grandes villes d’Europe occidentale. Ils vont combattre les idées du principal leader de cette organisation, Weitling, révolutionnaire acharné mais aux idées imbibées de mysticisme.
Le film se termine sur la concrétisation de ce premier combat. La Ligue confie aux deux militants la rédaction d’un nouveau programme, qui sera le Manifeste du parti communiste. Elle changera de nom, deviendra la Ligue des communistes. Elle changera aussi de devise, passant de « Tous les hommes sont frères » à « Prolétaires de tous les pays unissez-vous », en se fixant comme but l’expropriation de la bourgeoisie et la collectivisation des moyens de production.
Le film ne manque pas de décrire le quotidien de Marx et de sa compagne, Jenny, leurs difficultés financières, ainsi que leur expulsion d’Allemagne puis de France. Il donne ainsi chair à ces personnages historiques qu’ont été Marx et Engels, dont les idées ont inspiré le mouvement ouvrier mondial et, espérons-le, continueront de le faire.
Le réalisateur a bien sûr mis dans le film sa propre vision des choses et de ses personnages, en racontant ce moment exceptionnel de l’histoire d’où est né le marxisme. Mais elle est toujours honnête, et Marx et Engels sont montrés comme les militants révolutionnaires qu’ils étaient.