Projet de loi sur l’immigration : la chasse aux migrants continue04/10/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/10/LO2566_0.jpg.445x577_q85_box-0%2C11%2C158%2C216_crop_detail.jpg

Leur société

Projet de loi sur l’immigration : la chasse aux migrants continue

Le gouvernement prépare un projet de loi sur l’immigration, qu’il devrait présenter le 12 octobre. « La droite en rêvait, Collomb l’a fait », résumait Le Figaro pour caractériser ses premières mesures.

La plus démagogique prévoit de doubler la durée légale de rétention des migrants, qui passerait de 45 à 90 jours. La présentant comme un alignement sur les pays européens, le gouvernement affirme que cette mesure permettrait de mener à terme les procédures d’expulsion en cours. Mais en fait la durée réelle de séjour d’un migrant en centre de rétention se résume à douze jours en moyenne. Seul un pourcentage infime de migrants sont libérés au terme de la durée maximale autorisée.

Des dizaines de milliers de migrants sont enfermés chaque année dans les centres de rétention administratifs (CRA), 46 000 rien qu’en 2 016. D’après les associations autorisées à y intervenir, les CRA sont bien un univers carcéral, gardé par la police, avec des droits réduits de visite et même d’usage du téléphone. L’État parle pudiquement de rétention. Mais il s’agit bien de l’enfermement de personnes, avec pour seul motif de ne pas être en possession des bons papiers en temps et en heure.

L’objectif du gouvernement est d’augmenter le nombre d’expulsions, les 25 000 effectuées l’année passée ayant été jugées insuffisantes par le Premier ministre Édouard Philippe en juillet dernier. Le projet de loi décline toute une série de mesures visant à les accélérer et à les multiplier. La durée de la retenue par la police, une sorte de garde à vue, passerait de 16 à 24 heures. L’enfermement immédiat des migrants ayant déjà fait une demande d’asile dans un autre pays européen serait généralisé. Le droit d’asile serait durci avec, comme nouveau motif de refus, la possibilité pour le demandeur d’être réadmis dans un pays tiers sûr, une formule juridique justifiant son expulsion vers n’importe lequel des pays où il serait passé.

Ce projet inique est dans la continuité des déclarations de Macron, qui n’a cessé de s’en prendre aux migrants. Il l’a fait dès sa campagne à propos des travailleurs détachés, annonçant ensuite sa volonté de séparer les demandeurs d’asile de ceux venus pour trouver du travail, comme si fuir la misère était moins justifié que de fuir la guerre. Pour faciliter encore les expulsions, Macron a nommé début septembre un ambassadeur de France des migrations, chargé d’aller faire pression sur les pays d’origine des migrants en conditionnant l’aide au développement à l’acceptation de leur retour forcé.

Le projet de loi ne peut conduire qu’à une aggravation du sort de bien des migrants, plus souvent enfermés et pour plus longtemps, en les traitant toujours plus comme des parias. Le gouvernement voudrait dissuader les damnés de la terre de venir tenter leur chance en France, et surtout plaire à l’électorat réactionnaire.

Partager