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- Lutte ouvrière n°2566
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Leur société
Free : exploiter en toute liberté
Le fondateur de l’opérateur téléphonique Free, Xavier Niel, est la neuvième fortune de France avec 7,2 milliards d’euros.
En 2012, les vendeurs d’un magasin Free ont rédigé une lettre collective adressée à la direction, demandant des tee-shirts à manches longues pour se protéger du froid et remettant en cause leur salaire de 1350 euros net, bien inférieur à ce qu’on leur avait fait miroiter à l’embauche. Pour toute réponse, ils ont tous été convoqués individuellement à un entretien où on leur a posé deux questions : « Qui a écrit la lettre ? Adhérez-vous au contenu de cette lettre ? » Les quatre salariés ayant répondu positivement à la seconde question ont reçu à minuit, sur leur messagerie personnelle, un mail de Free leur signifiant leur mise à pied, avant d’être licenciés… pour fraude, ce que les Prud’hommes ont ensuite requalifié en licenciement abusif.
En octobre 2014, dans un centre d’appel Free Mobipel situé à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, les salariés ont débrayé trois heures pour dénoncer leurs conditions de travail. Une semaine après, Sud et la CGT, qui avaient appelé au débrayage, ont reçu un mail de la directrice des centres d’appel de Free, leur indiquant qu’il n’y aurait plus d’embauches à Mobipel « jusqu’à apaisement de la situation sociale ». Dans les mois qui ont suivi, les effectifs ont fondu sur le site, passant de 650 salariés en octobre 2014 à 347 en janvier 2017. 248 d’entre eux ont été licenciés, la plupart pour faute grave, ce qui évite à Free de verser des indemnités.
L’émission du 26 septembre a reconstitué les entretiens préalables à licenciement au cours desquels les salariés se sont vu reprocher des retards de quelques minutes à leur prise de poste ou après la pause déjeuner, le temps passé au téléphone avec les clients, voire, pour certains responsables, l’absentéisme des membres de leur équipe !
C’est ça la liberté vue par les patrons.