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Leur société
État et sociétés d’autoroutes : petits secrets entre amis
France 2 vient de reparler d’un accord secret signé en avril 2015 entre l’État et les sociétés d’autoroutes.
À l’époque, devant le tollé général provoqué par leurs profits mirobolants, le gouvernement Valls et son ministre de l’Économie Macron avaient fait semblant de vouloir s’attaquer à ces grosses sociétés privées. Ils s’étaient vantés d’avoir obtenu le gel des tarifs de péages, « sans rattrapage l’année d’après » avait même déclaré la ministre de l’Écologie Royal. De toute façon, personne ne pouvait vérifier s’il y avait des contreparties puisque l’État ne voulait et ne veut toujours pas publier cet accord...
Comme on pouvait s’y attendre, France 2 montre que cet accord comporte des compensations très favorables aux sociétés d’autoroutes. L’État leur garantit la stabilité fiscale, un allongement de la durée des concessions et, cerise sur le gâteau, il les autorise à augmenter les tarifs de 2019 à 2023. Résultat, la facture pour les automobilistes sera plus élevée de 500 millions d’euros que ce qui était prévu avant le gel des tarifs !
Cet accord scandaleux n’est en rien surprenant tant les autoroutes sont depuis le début le symbole du pillage des fonds publics par les groupes capitalistes. Par leur construction à partir de la fin des années 1950, l’État a d’abord fait les beaux jours des groupes du BTP. Puis une fois les travaux amortis et les autoroutes devenues rentables, il en a confié la gestion à des trusts privés, souvent du BTP comme Eiffage et Vinci. Commencées en 2001-2002 sous le gouvernement Jospin dont faisaient partie Mélenchon et des ministres du PCF, les privatisations ont été généralisées en 2006 sous un gouvernement de droite, pour un prix dérisoire : la Cour des Comptes a alors estimé le manque à gagner pour l’État à 10 milliards d’euros.
Depuis, ces compagnies engrangent des profits gigantesques et en constante progression. En 2015 malgré le gel des tarifs, elles ont augmenté leurs bénéfices de 15% et versé 3,3 milliards d’euros aux actionnaires, soit plus du double de l’année précédente et le tiers de leur chiffre d’affaires total !
Pour arriver à cela, elles ont amputé les effectifs, passant de 20 000 à 14 000 en dix ans. Elles surfacturent régulièrement leurs travaux pour obtenir de l’État complice des augmentations de tarifs largement supérieures à l’inflation. Ces surfacturations leur profitent doublement car ce sont les filiales de Vinci et d’Eiffage qui effectuent souvent ces travaux…
Avec les autoroutes, l’État ne sert plus seulement de béquille aux capitalistes, il en est devenu le fauteuil roulant !