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Brésil : un gouvernement faible, sauf contre les travailleurs
Le gouvernement brésilien ne parvient pas à sortir du scandale Petrobras. La compagnie pétrolière nationale et ses clients, en particulier les firmes du BTP comme Odebrecht, fournissaient en sous-main au gouvernement les milliards nécessaires pour acheter les parlementaires et faire voter les lois.
Michel Temer, vice-président de Dilma Rousseff qui a accédé l’an passé à la présidence à la suite de la destitution de celle-ci, a sauvé sa peau de justesse. Les députés ont décidé, contre toute évidence, qu’il n’y avait pas de quoi le traduire devant la Cour suprême. Il reste visé par plusieurs enquêtes. Mais faire son procès aurait abouti à sa destitution. Plutôt que d’avoir à lui choisir un successeur, un accord s’est établi entre les partis pour le garder.
Car si Temer est notoirement corrompu, il reste capable de mener la politique de la bourgeoisie en cette période de crise, la politique que veulent les grandes entreprises.
En juillet, Temer a fait adopter une réforme de la législation du travail. Sous prétexte de mettre à jour un Code du travail datant des années 1940, et bien peu respecté, toute liberté sera désormais laissée au patron pour rédiger des contrats ultraflexibles, négocier par entreprise au mépris des lois et des contrats collectifs, affaiblir les syndicats et échapper à toute action en justice.
La prochaine réforme à venir est celle des retraites, et elle sera aussi destructrice que celle du Code du travail. Elle a été préparée par le gouvernement de Dilma Rousseff, et Temer assurera sa réalisation.
En attendant, il multiplie les mesures propatronales. Il a récemment ouvert à l’exploitation minière privée quatre millions d’hectares de forêt amazonienne qui étaient classés réserve forestière. De même, il a lancé la privatisation de 58 entreprises nationales. Parmi elles figure Electrobras, la première compagnie électrique d’Amérique latine, dont les 233 centrales fournissent 37 % de l’électricité du pays et dont le prix de vente ne représenterait que le tiers du chiffre d’affaires annuel. Sont aussi concernés ports, aéroports, autoroutes, champs pétroliers, et jusqu’à la Maison de la monnaie qui imprime les billets.
Pendant que la bourgeoisie nationale et internationale salive devant ces nouvelles occasions de profits, la classe ouvrière s’enfonce dans la crise. Le chômage frappe 15 % des travailleurs, tandis que les salaires stagnent, rongés par l’inflation. La presse a relaté la faillite de la ville et de l’État de Rio, où les services publics et jusqu’aux écoles de samba du Carnaval voient fondre leurs budgets, pour payer les milliards de la dette des Jeux olympiques de 2016. Bien des villes et des États connaissent des problèmes semblables, et c’est la population pauvre qui est frappée par les mesures d’austérité.
Les centrales syndicales s’étaient mises d’accord pour organiser le 24 mai une journée nationale de grève contre les projets du gouvernement. Apparemment, les directions syndicales ont obtenu de Temer des garanties, et elles ont saboté depuis toute action commune. Ce n’est pas sur elles que les travailleurs peuvent compter pour combattre les mesures antiouvrières actuelles et à venir.