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Leur société
Migrants de la porte de La Chapelle : une évacuation de plus
Vendredi 18 août a eu lieu la 35e évacuation en deux ans du camp de migrants de la porte de la Chapelle, à Paris.
Près de 2 500 personnes, en majorité des hommes venus d’Afghanistan, d’Érythrée ou du Soudan, mais aussi des femmes, des bébés, des mineurs isolés, ont été emmenés en bus vers des gymnases ou d’autres lieux d’accueil temporaire en région parisienne.
C’est en fait presque tous les mois qu’a lieu ce genre d’opération. À chaque fois, la préfecture justifie les évacuations par les risques (bien réels) pour la sécurité et la santé des occupants du camp et des riverains. Mais rien n’est fait pour accueillir dignement les nouveaux arrivants, qui sont déjà nombreux quelques jours plus tard. Le lendemain de l’évacuation, la police a même interdit à des associations de distribuer un petit-déjeuner aux personnes déjà réinstallées sur le site.
L’objectif du gouvernement n’est pas d’offrir un hébergement, même précaire, aux migrants, sinon il le ferait dès leur arrivée, mais plutôt de contrôler et de faire le tri parmi eux. Ceux qui seront considérés comme éligibles au droit d’asile seront envoyés dans des centres d’accueil et d’orientation, le temps de faire leurs démarches. Mais le gouvernement veut pouvoir refouler le maximum des autres : ceux qui ont déjà été enregistrés dans un autre État européen, souvent l’Italie ou la Grèce, et qui, selon la procédure européenne dite Dublin, n’ont pas le droit de demander l’asile ailleurs, et sont menacés de renvoi vers ces pays ; ceux à qui le statut de réfugié a déjà été refusé, car ils viennent d’un pays jugé sûr, et qui n’ont pas pu prouver que leur vie était menacée s’ils y retournaient ; ou ceux qui, fuyant la faim et la misère de leur pays, n’ont pas droit à ce statut.
Pourtant, ces évacuations à répétition, ces menaces d’expulsion n’empêcheront pas des centaines de migrants d’arriver chaque semaine à Paris, et des camps de se reformer. La seule solution humaine serait de les autoriser à circuler, à s’installer et à travailler en France s’ils le souhaitent, et de les accueillir dignement en leur offrant un toit, le temps de refaire leur vie ici.