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Dans le monde
Crise : de celle de 2007 à la prochaine
Il y a dix ans, le 9 août 2007, débutait une crise qui allait être la plus grave depuis celle de 1929, en menant le monde au bord de la paralysie économique généralisée.
Ce jour-là, la BNP ferma trois de ses fonds monétaires. En gelant les retraits de ses clients, elle provoqua une panique immédiate dans les milieux boursiers et bancaires.
En quelques jours, les banques centrales déversèrent plus de 300 milliards de dollars pour éviter le blocage de tout le système bancaire. Cela ne fit que retarder les échéances.
En effet, un an plus tard, une crise planétaire éclata avec la faillite de la grande banque d’affaires Lehman Brothers, cette fois dans le pays le plus puissant du monde. Aux États-Unis, les banques s’employaient depuis des années à vendre largement des crédits immobiliers aux plus pauvres (les subprimes). Comme cela présentait un risque pour elles, même si cela rapportait beaucoup jusqu’à ce que la bulle immobilière explose, la finance avait titrisé ces créances douteuses. Autrement dit, elle les avait mélangées à d’autres produits financiers proposés aux banquiers et spéculateurs.
L’éclatement de la bulle des subprimes eut l’effet dévastateur d’un ouragan. Au-delà des banques américaines, le système financier mondial en fut ébranlé. Car tous les financiers s’étaient rués sur ces produits, dits toxiques après coup. Les bilans des banques, des établissements de crédit, des fonds de gestion, de placement, etc., s’en retrouvaient truffés et infectés.
En Amérique, Europe et Asie, les financiers appelèrent leur État à la rescousse. Pour éviter un effondrement de ce système que la spéculation avait mis à genoux, les États du monde entier y déversèrent des milliers de milliards de dollars, d’euros, de livres, de yens. Et comme il fallait bien trouver cet argent quelque part, c’est dans la poche des classes laborieuses qu’ils puisèrent à pleines mains, les enfonçant un peu plus dans la pauvreté, le chômage, la misère. Tout cet argent que les États offrirent ainsi aux banques ne les a sauvées de la faillite que pour repartir aussitôt alimenter la spéculation.
La spéculation s’est ainsi logiquement déplacée, touchant la dette de ces mêmes États qui avaient sauvé la mise des spéculateurs. Et maintenant, notamment aux États-Unis, on voit de nouveau se développer des bulles spéculatives dans le domaine des prêts automobiles ou des prêts étudiants. Il s’y ajoute le développement de ce qu’on appelle la finance de l’ombre, un secteur échappant à toute réglementation, dont celle mise en place par les États après la crise de 2007-2008. Elle représenterait aujourd’hui un quart de toute l’activité financière mondiale !
Dix ans après, les médias ont rappelé ces faits. Certains ont cité la présidente de la Banque centrale américaine, qui décrit la situation actuelle comme « un immense défi ». Un « défi » que l’institution majeure du système capitaliste mondial qu’elle représente serait bien en peine de relever ! Car on a affaire à un système où spéculer est devenu l’activité première des capitalistes, un système qui va de crise en crise, que nul ne contrôle et qui ne subsiste qu’en broyant des masses considérables d’existences et de richesses produites.
Du quotidien Les Échos au Monde économique ou à une émission spéciale de France Inter, les commentateurs ont listé les risques énormes qui ne cessent de s’accumuler, la plupart pour conclure : « La question n’est donc pas de savoir s’il y aura un autre séisme financier, mais quand il se produira. »
Pour l’humanité qui n’a aucune responsabilité dans la marche folle de ce système, il importe encore plus de savoir non pas s’il faut le renverser pour s’en débarrasser, mais quand cela se fera. Et le plus tôt sera le mieux.