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STX nationalisé : Macron se fait mousser à peu de frais
L’annonce par le gouvernement de la nationalisation temporaire du chantier naval STX de Saint-Nazaire en a surpris plus d’un. Mais si le but de Macron était de redorer son blason en créant autour de cette décision une forme d’union nationale, c’est réussi. Du moins en ce qui concerne les partis qui aspirent à gouverner les affaires de la bourgeoisie.
En effet, à droite comme à gauche, on se félicite de cette décision. Le maire PS de Saint-Nazaire avait chaudement approuvé l’accord passé précédemment entre Hollande et Fincantieri en déclarant : « L’objectif est atteint : Fincantieri n’est pas majoritaire et pendant vingt ans, l’État français garde son droit de préemption si cet actionnariat ne fonctionne pas. » Le même est aujourd’hui tout aussi satisfait : « Cette décision [la dénonciation de l’accord précédent] va permettre à l’État français de disposer du temps nécessaire à la renégociation d’un pacte d’actionnaires industriel robuste et stable dans le temps. »
Même satisfaction à droite et, bien sûr, de la part de la toute nouvelle députée En Marche de la circonscription.
Le FN a salué la décision au nom « de la préservation des intérêts stratégiques et industriels de la France ». Et Mélenchon, pour la France insoumise, a déclaré : « Le gouvernement s’est rendu compte du désastre qui menaçait. »
Bref, tous ceux qui veulent nous faire croire que le danger viendrait de l’étranger sont satisfaits. La démagogie nationaliste pour faire remonter la cote de Macron, en baisse dans les sondages, fonctionne à plein régime.
Il y a quand même quelques responsables de la bourgeoisie qui manifestent leur inquiétude. Parce que la démagogie protectionniste, c’est très bien pour détourner la colère de la population sur des chimères. Mais de nombreux capitalistes français placent leurs capitaux en Italie sans entrave de la part du gouvernement italien. Ils voudraient bien pouvoir continuer à prélever leur part de profit sur le dos des travailleurs italiens sans que le gouvernement italien n’y mette le holà. Et ce dernier pourrait bien revoir son attitude si, en matière de démagogie protectionniste, Macron passait des paroles aux actes.
En ce qui concerne les travailleurs de l’entreprise, la surprise et la méfiance dominent.
Les élections professionnelles qui se sont tenues il y a quelques semaines ont confirmé la CGT comme premier syndicat de l’entreprise. Or, tout au long du feuilleton de la revente du chantier naval, la CGT a défendu l’idée que la nationalité du propriétaire importait peu. Que ce qui comptait était le rapport de force que les salariés étaient capables d’imposer face à une direction qui est restée d’une étonnante stabilité quels que soient les actionnaires qui se sont succédé, français, norvégiens, sud-coréens et peut-être demain italiens.
Sous cette direction, et sous le contrôle de l’État français (dont la participation n’est jamais descendue en dessous de 33 %), les conditions de travail et de salaire se sont dégradées de manière continue. L’effectif ouvrier a dégringolé et ne représente plus aujourd’hui que 35 % de l’effectif de l’entreprise, alors que la construction des paquebots réclame une abondante main-d’œuvre. Elle est aujourd’hui fournie majoritairement par la sous-traitance, les CDD, les intérimaires et par un important contingent de travailleurs détachés venant de toute l’Europe. C’est cette organisation de la précarité qui a permis de tirer les salaires vers le bas et de détériorer les conditions de travail.
Et c’est cette situation que le gouvernement Macron veut aggraver.
Alors, faire croire que l’État français pourrait être une protection pour l’emploi et les salaires est un mensonge d’autant plus difficile à faire passer que c’est ce même État qui est à l’offensive contre le monde du travail. Et que, dès son retour de vacances, une majorité de travailleurs sait qu’elle aura à se défendre contre les attaques préparées par le gouvernement au cours de l’été.