Mayotte : luttes victorieuses des travailleurs02/08/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/08/2557.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mayotte : luttes victorieuses des travailleurs

À Mayotte, depuis plusieurs mois, des grèves importantes ont mobilisé ou mobilisent encore des centaines de travailleurs, souvent des grosses entreprises comme Colas, Mayotte Channel Gateway (MCG), les dockers du port de Longoni, Bourbon Distribution Mayotte (BDM) ou encore la DEAL où le conflit est toujours en cours.

Ces grèves, parfois longues comme à Colas, ont concerné surtout les salaires et les conditions de travail et ont souvent été victorieuses. Les travailleurs ont fait montre de combativité face à des patrons n’hésitant pas à recourir aux forces policières et aux tribunaux, ou à sanctionner des travailleurs en pleine grève.

La grève la plus marquante a été celle des travailleurs du groupe Colas et de sa filiale ETPC. Celle-ci a démarré le 9 mai et a duré 72 jours. Les ouvriers réclamaient notamment une augmentation de salaire de 300 euros, la mise en place du régime d’intéressement et de participation, d’une complémentaire retraite, l’attribution d’une prime exceptionnelle de 800 euros pour chaque salarié. Cette grève a été suivie par un peu plus de 150 salariés sur les 572 paralysant les chantiers et la carrière de ETPC.

En réponse à cette mobilisation, la direction ne proposait que 200 euros de primes, excluant les employés en CDD et en contrats de chantier.

Au cours de leur action, les travailleurs de Colas ont pu compter sur la solidarité des travailleurs d’autres entreprises entrés en grève pour leurs propres revendications, ou suite à la grève générale lancée par la CGT-Ma le 17 juillet. Cette grève générale fut suspendue au bout de dix jours en même temps que prenait fin le conflit des dockers du port de Longoni … mais alors que démarrait celui des salariés de la DEAL.

Les travailleurs de Mayotte partis en grève générale revendiquaient la revalorisation de la « grille interpro », la revalorisation de la grille du BTP, l’application des conventions collectives nationales, l’application du titre de restauration, l’application du compte pénibilité, l’application de l’épargne salariale, de l’intéressement et de la participation aux bénéfices, l’application de la participation des représentants du personnel aux assemblées générales, conseils d’administration et conseils de toutes les sociétés, l’application des 35 heures pour tous les salariés. Le mot d’ordre de grève générale a été suivi par des salariés de BDM, Colas, ETPC, MCG, etc. Des manifestations ont eu lieu à Mamoudzou et Koungou, les principales villes de l’île.

Les dockers de Longoni ont repris le travail le 25 juillet après voir paralysé l’activité portuaire pendant huit jours pour obtenir le respect… de l’accord de la précédente grève ! Le mouvement chez BDM s’est terminé le même jour avec la victoire des travailleurs qui ont obtenu une augmentation de 300 euros de leur prime de fin d’année, laquelle passe de 2 500 à 2 800 euros, une hausse de leur mutuelle et du budget des œuvres sociales, et des remboursements de leur mutuelle.

Depuis plusieurs années les travailleurs de Mayotte, du public comme du privé, se mobilisent régulièrement pour réclamer de meilleures conditions de travail et de vie en affrontant, parfois durement, leurs employeurs ou les autorités qui interviennent à la demande des patrons pour tenter d’intimider les grévistes et leurs familles, voire briser les grèves.

En 2016, la grève générale pour « l’égalité réelle » avait duré quinze jours, du 30 mars au 15 avril, et avait paralysé le pays en bloquant les routes, les administrations et bon nombre d’entreprises. Mais le relevé de conclusions signé à Paris en présence de l’ex-ministre de l’Outre-mer, George Pau-Langevin, censé apporter des améliorations, tarde à se concrétiser.

Les travailleurs de Mayotte apportent la preuve que seule l’action collective des travailleurs peut s’opposer aux attaques du patronat et de ses alliés, et arracher des avancées pour eux et leur famille.

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