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Dans le monde
Catalogne : l’impasse des nationalismes
Le numéro un du Parlement catalan, Carles Puigdemont, a récemment annoncé une nouvelle consultation, par référendum, de la population vivant en Catalogne, concernant l’indépendance de cette région. Il y a trois ans, un référendum consultatif avait mobilisé un tiers des six millions d’électeurs que compte la Catalogne. Il avait été considéré comme illégal par le gouvernement central de Madrid qui avait réagi par des menaces et différentes mesures de sanctions administratives et judiciaires. Cela n’a pas empêché aujourd’hui les politiciens indépendantistes de défier de nouveau le pouvoir central.
Que veulent réellement les dirigeants catalanistes ? S’en prendre à ceux qui exploitent les travailleurs, ouvriers ou paysans vivant en Catalogne ? Quand ils s’adressent aux opprimés ce n’est que pour obtenir leurs suffrages. Et ils en recueillent un certain nombre, ne serait-ce que parce que la situation des classes populaires se dégrade, en Catalogne comme dans le reste de l’Espagne. Les politiciens catalanistes accusent les dirigeants de l’État central de favoriser les autres régions. Ils revendiquent de ne plus rien devoir payer à Madrid pour pouvoir gérer la Catalogne comme un pays indépendant. Comme si la Catalogne d’aujourd’hui était le pays martyr, victime du pouvoir central ! Mais demain dans une Catalogne indépendante, qui peut croire que les banquiers catalans et autres, les industriels, les riches, vont se mettre à défendre les intérêts des classes populaires de Catalogne ?
Les dirigeants du mouvement nationaliste catalan visent en réalité à défendre les intérêts des possédants de cette région. Ils veulent entraîner derrière eux l’ensemble de la population, y compris les classes populaires. Ce n’est pas la première fois qu’en Catalogne comme dans bien d’autres pays du monde le régionalisme ou encore le nationalisme sont utilisés comme une arme au service des bourgeois et des possédants.
Cela a déjà existé en Espagne. La Catalogne fut l’une des régions qui connut le développement rapide et puissant d’une classe ouvrière constituée de travailleurs venus de diverses régions où la misère régnait dans les campagnes. Et, à cette période, les militants socialistes et anarchistes combattaient le nationalisme. À Barcelone, ils imposèrent par exemple que les tracts ouvriers soient toujours publiés en espagnol pour ne pas écarter les « émigrés » d’alors qu’étaient les travailleurs des autres régions.
Plusieurs années plus tard, dans la période qui suivit la victoire de Franco, l’idée qu’il ne fallait pas se diviser au sein du mouvement ouvrier était partagée par de nombreux militants. Pour eux, l’idée que le monde du travail se défendrait en reprenant les drapeaux des régionalistes contribuait à diviser les exploités. C’est bien ce qui se produit aujourd’hui, alors qu’au contraire, de l’Andalousie à la Catalogne, au Pays basque ou ailleurs, les travailleurs ont les mêmes intérêts.