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Leur société
Migrants : à Calais, le gouvernement harcèle et réprime...
À Calais, les associations ne cessent de dénoncer l’attitude inhumaine de l’État et les entraves qu’elles subissent pour venir en aide aux réfugiés revenus quelques mois après la fermeture de la Jungle en octobre 2016. Un responsable d’une de ces associations, l’Auberge de migrants, en témoigne.
Au moment du démantèlement en octobre 2016, environ 10 000 personnes ont été réparties un peu partout en France dans les CAO (centre d’accueil et d’orientation), mais certaines d’entre elles, ou d’autres, sont revenues et les migrants sont aujourd’hui entre 500 et 600. Pour la plupart, ils souhaitent aller en Angleterre où ils ont des proches et dont ils parlent la langue.
Non seulement le gouvernement ne fait rien pour les accueillir, mais il envoie ses policiers pour empêcher les bénévoles qui viennent distribuer la nourriture de le faire correctement. L’une d’entre eux raconte qu’elle est restée 22 heures en garde à vue car, dans une bousculade entre bénévoles et CRS, lors d’une distribution de nourriture que ces derniers venaient perturber, un commissaire aurait reçu par mégarde un peu de la soupe destinée aux migrants sur son uniforme.
Les camionnettes qui servent à transporter nourriture et vêtements sont régulièrement verbalisées : par exemple, 135 euros d’amende pour « circulation de véhicule à moteur non muni de pneumatiques » ! Autres motifs : « essuie-glace non performant » (45 euros), « manque de liquide lave-glace ». Un fourgon a été mis en fourrière pour deux pneus avant en bon état mais de marques différentes. On le voit, l’imagination policière n’a pas de limites.
De même, puisqu’elles servent de la nourriture, les associations sont constamment contrôlées sur les normes d’hygiène, qu’elles essaient de respecter scrupuleusement. Les autorités viennent ainsi vérifier si la soupe est à la bonne température, alors que par ailleurs elles se désintéressent des conditions d’hygiène dans lesquelles vivent les migrants. En effet, elles s’opposent à la mise en place de points d’eau ou à la construction de toilettes. Lorsque sont démantelés des camps en reconstitution, les biens rassemblés par les migrants, couvertures, parfois chaussures et autres sont jetés. Ces contrôles visent en fait à mettre quotidiennement des bâtons dans les roues aux associations. Heureusement, toutes ces tracasseries n’entament pas leur détermination.
Autour de Calais, des immenses grillages, surmontés de barbelés, isolent l’autoroute et le port. Des migrants se retrouvent souvent à errer sur les routes et les autoroutes. Des barrages de fortune se multiplient sur les accès routiers menant à l’enceinte portuaire de Calais, les migrants espérant profiter de l’arrêt des véhicules pour monter à bord et tenter le passage en Angleterre. Tout cela touche les habitants de Calais dans leur vie quotidienne, et pose problème même à ceux qui sont révoltés par le sort inhumain réservé à ces hommes et ces femmes.
Mais les autorités anglaises et françaises qui se sont mises d’accord sur l’installation de ces barrières sont les seules responsables de cette situation, pas les migrants qui ne cherchent qu’à rejoindre leurs proches de l’autre côté de la Manche ! Des associations comme l’Auberge de Migrants défendent la seule solution qui serait vraiment humaine : les laisser circuler et s’installer librement là où ils le souhaitent.