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Leur société
Bagnolet : les “Baras” en lutte pour un logement décent
Jeudi matin 29 juin, les CRS ont expulsé à coups de gaz lacrymogène les 250 travailleurs africains du collectif des Baras, qui occupaient depuis trois ans un ancien centre de Pôle emploi inutilisé.
L’expulsion a été musclée, deux personnes ont été arrêtées et sont actuellement emprisonnées dans un centre de rétention. Les autres se retrouvent à la rue et dorment sous un pont à côté du métro Gallieni, à même le sol et sous la pluie car le préfet a menacé d’envoyer les forces de l’ordre si la moindre tente était montée.
L’opération a été décidée par ce même préfet à la demande du nouveau propriétaire, qui a acheté récemment le bâtiment à la banque Natixis. Quant à la mairie, elle était sûrement au courant, et si elle a reçu une délégation, elle n’a apporté aucune aide concrète.
L’État a une responsabilité énorme dans cette situation. La plupart de ces travailleurs ont fui la Libye après l’intervention militaire française de 2011 qui a entraîné le chaos et la montée des exactions racistes contre les travailleurs africains. À l’époque, le gouvernement Sarkozy, avec le soutien d’une grande partie de la gauche, avait justifié l’intervention contre la dictature infâme de Kadhafi, alors même qu’il avait accueilli celui-ci quatre ans plus tôt en grande pompe à l’Élysée. Pour faire cette guerre, l’État a alors dépensé des centaines de millions d’euros. Mais pour les travailleurs qui ont depuis quitté la Libye pour sauver leur peau, les gouvernements de droite comme de gauche n’ont jamais rien dépensé, mais ils ont distribué des coups de matraques.
Depuis leur arrivée en France en 2012, les travailleurs du collectif des Baras, du nom d’un foyer de Montreuil qu’ils avaient d’abord rejoint, en sont à leur cinquième expulsion. À maintes reprises, l’État a cherché à les diviser, mais les Baras forts de leur nombre et de leur organisation, ont résisté. Même si la vie n’était pas de tout repos, avec des arrestations aux alentours et les coups bas quotidiens de patrons se sentant en force pour les arnaquer, ils ont réussi à mettre en place une vie collective, impressionnant leurs voisins, avec qui ils ont tissé des liens d’amitié. Comme le dit l’un de ceux-ci : « Ils faisaient partie de notre vie. » Le matin de leur expulsion, plusieurs voisins étaient d’ailleurs là pour les soutenir.
La préfecture a interdit une manifestation de soutien, ce qui n’a pas empêché les gestes de solidarité de se multiplier. Nombre d’habitants leur ont apporté couvertures, matelas, matériel pour cuisiner, nourriture, etc. Ce soutien matériel et moral ne peut que renforcer les Baras dans leur combat pour avoir tous un logement décent et des papiers, et pour libérer leurs deux camarades.