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Leur société
Lafarge Holcim : le profit avant tout
Le 9 juin, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris contre Lafarge-Holcim pour « financement d’entreprise terroriste » et « mise en danger de la vie d’autrui ».
Le groupe est accusé d’avoir versé indirectement des fonds à des groupes djihadistes pour pouvoir continuer à faire tourner sa cimenterie de Jalabiya, près de Raqqa, en Syrie, en 2013 et 2014. Le paiement de droits de passage pour les ouvriers ainsi que pour les marchands de ciment qui venaient s’approvisionner aurait profité entre autres à Daech, qui a pris le contrôle de cette zone dès 2013.
La direction de Lafarge avait prétendu « être préoccupée avant tout par la sécurité de ses employés ». Déclarations mensongères et d’autant plus cyniques qu’elle les a sciemment exposés aux dangers de guerre pour sortir sa production coûte que coûte, exerçant des pressions durant des mois pour qu’ils aillent travailler quels que soient les risques encourus. Le responsable de la sécurité de l’usine « nous appelait, nous hurlait dessus, menaçait de suspendre nos salaires ou de nous licencier en cas d’absence, ont dénoncé d’anciens employés. La direction de Lafarge Syrie laissait faire. Ce qui comptait pour eux était de maintenir la production. » Certains travailleurs furent kidnappés en vue d’obtenir des rançons. Et le 19 septembre 2014, alors que la cimenterie était attaquée, la direction du groupe ne prévint pas ses employés, qui durent fuir par leurs propres moyens.
Suite aux révélations faites par le journal Le Monde en mars dernier, le groupe avait fini par avouer qu’il avait conclu des arrangements « inacceptables » pour maintenir l’activité de la cimenterie en pleine guerre civile, et promis la mise en place d’une enquête interne et d’une commission d’éthique, mesures bien évidemment de pure forme.
Lafarge n’en est pas à ses premiers « arrangements ». En 1942 et 1943, sous Pétain, le cimentier a participé à la construction du mur de l’Atlantique, voulu par Hitler pour défendre le front ouest. Des ONG l’accusent aujourd’hui d’avoir profité du travail d’enfants en Ouganda. Et tout récemment Lafarge se disait prêt à construire le mur anti-immigrés de Trump, entre les États-Unis et le Mexique.
Ce n’est pas une exception dans le monde des multinationales. Quand les grands groupes n’utilisent pas des mercenaires salariés de sociétés privées, ils s’appuient sur des dictatures ayant pignon sur rue. Par combien de dictatures Total a-t-il fait protéger ses installations en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient ?
Dans cette société d’exploitation, aux yeux des capitalistes, le profit justifie tout.