Grèce : nouveau diktat des créanciers21/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2551.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : nouveau diktat des créanciers

Le 15 juin, une réunion des ministres des Finances de la zone euro a décidé d’accorder au gouvernement grec une tranche de crédits prise sur la somme promise en août 2015 et versée au compte-gouttes sous leur contrôle.

Pendant des mois, les créanciers européens et le Fonds monétaire international (FMI) ont tergiversé, discuté, surtout entre eux, de qui paye quoi et de l’opportunité d’alléger un jour la dette grecque. Finalement, le gouvernement grec touchera 8,5 milliards, dont 7 vont revenir, début juillet, dans les caisses des créanciers en paiement des intérêts. Quant à l’allégement, il est envisagé pour la fin de l’année, peut-être.

Les ministres, les créanciers se sont félicités de ce dénouement heureux… pour eux. Le gouvernement grec, lui, reste sous tutelle. Et la population a payé et paiera encore cette aide qui ne profite qu’aux banquiers. Les réformes de ces derniers mois ont produit un excédent budgétaire inespéré, même pour les créanciers, au prix d’un « énorme coût social » comme l’a dit le Premier ministre Tsipras. Les services publics, en particulier la santé et l’éducation, sont dans un état catastrophique. Mais d’ici 2019 il s’agit d’extorquer à une population épuisée 5 milliards d’euros d’économies supplémentaires par des mesures d’austérité, comme une quatorzième réforme des retraites qui baissera de 9 % minimum les pensions de 900 000 retraités, ou une baisse du seuil d’imposition qui devrait passer de 8 500 à 5 900 euros.

Les travailleurs, les pauvres paient le prix fort par la hausse des prix, en particulier en raison de l’augmentation du taux de TVA. Le chômage touche un jeune sur deux. Un chômeur sur trois cherche du travail depuis plus de quatre ans. Et si le chômage a un peu baissé pour les 25-34 ans, à 23 % tout de même, c’est entre autres parce que le calcul est fait par rapport à la population en âge de travailler et qu’elle a baissé : environ 400 000 Grecs sont partis chercher du travail ailleurs. Quant à ceux qui travaillent, ils se retrouvent dans la jungle du marché du travail, où les patrons n’ont plus de limites.

Présenter cet accord comme un pas vers la sortie du tunnel, comme le font les créanciers, et comme le reprend aussi Tsipras, c’est un mensonge éhonté. Un journal grec a récapitulé les échéances du gouvernement jusqu’en 2027 sous le titre « Accord ou reddition sans limite ? » Du point de vue des créanciers, bien décidés à ne rien lâcher, la réponse est claire.

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