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États-Unis : mélodrame à Washington
En limogeant le 9 mai James Comey, le directeur du FBI, Donald Trump espérait mettre un terme à la suspicion publique et aux enquêtes officielles qui le tourmentent depuis son intronisation en janvier. Depuis, c’est tout le contraire : pas un jour ne passe sans que la possibilité de sa révocation (impeachment) de la fonction de président des États-Unis ne soit évoquée.
Pour l’instant, ce sont les liens de Trump avec des intérêts russes qui sont mis en cause. En février, le général Michael Flynn, que Trump avait choisi comme conseiller à la sécurité nationale, a dû démissionner, quand ses conversations téléphoniques avec l’ambassadeur russe à Washington ont été révélées. Cherchant à protéger Flynn, Trump a alors fait pression sur Comey pour que le FBI n’enquête pas trop sérieusement, avant de le limoger.
Ce coup d’éclat de Trump, venant après d’autres, prenant pour cible un des piliers de l’État, a tout de suite valu au président un sérieux retour de bâton. Bien qu’à majorité républicain, le Sénat a d’abord auditionné Comey, qui a pu accuser publiquement Trump de mensonge, puis Jeff Sessions, le ministre de la Justice de Trump, qui avait omis de révéler qu’il avait lui aussi des contacts avec l’ambassade russe.
L’affaire s’est corsée lorsque l’adjoint de Sessions a dû nommer Robert Mueller, prédécesseur de Comey à la direction du FBI, procureur spécial chargé d’enquêter sur les liens de Trump, de son entourage et de sa campagne électorale avec la Russie.
À présent plane la menace réelle, bien qu’encore éloignée, d’une révocation de Trump. Il est clair que les adversaires de Trump – démocrates écartés du pouvoir central, républicains mis de côté lors de sa marche vers la Maison-Blanche – veulent prendre leur revanche. Ils ont trouvé un puissant relais du côté de l’appareil d’État, et notamment de l’appareil judiciaire, qui s’était opposé aux décrets présidentiels absurdes dirigés contre l’entrée des musulmans dans le pays. Le message est clair : s’il ne rentre pas dans le rang, le président peut s’attendre à de sérieux ennuis.
Dans les milieux dirigeants du monde politique et de la bourgeoisie, beaucoup s’inquiètent de l’imprévisibilité du locataire de la Maison-Blanche. Pour l’instant, l’appareil d’État fonctionne sans accrocs majeurs : l’armée continue par exemple à faire la guerre aux quatre coins du monde impérialiste. Mais avoir un bouffon, de moins en moins crédible et de plus en plus impliqué dans des scandales, comme Trump à la tête de l’État le plus puissant du monde pourrait finir par poser un problème à la bourgeoisie.