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- Lutte ouvrière n°2548
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Leur société
Justice : non à un tribunal des expulsions à Roissy !
Des magistrats et avocats du tribunal de grande instance de Bobigny ont manifesté lundi 29 mai. Ils protestaient contre le transfert à Roissy d’une salle d’audience chargée de juger les demandes d’asile des étrangers placés dans la zone d’attente de l’aéroport.
Prévu par Sarkozy en 2003, quand il était ministre de l’Intérieur, le projet avait pour but d’accélérer le renvoi dans leur pays d’origine des étrangers incapables de présenter tous les papiers requis pour rentrer sur le territoire. Christiane Taubira avait gelé son installation quand elle était garde des Sceaux, mais son successeur Urvoas avait, lui, décrété que ce tribunal ouvrirait en septembre.
Les opposants au projet s’élèvent contre le « simulacre de justice » que constitue une salle d’audience située sur un coin reculé de l’aéroport de Roissy. Sauf cas d’exception visant à protéger des mineurs ou des victimes, la justice doit en effet être rendue publiquement, c’est même un des principes fondamentaux inscrits dans le Code de procédure. Chaque individu a donc le droit d’assister à un procès. Or, dénonce un avocat, « personne ne viendra dans ce prétoire difficile à trouver, à 35 kilomètres de Paris, qu’on rejoint à pied sur une zone sans trottoir, après avoir pris un RER et un bus ».
Quoi qu’elle en dise, la justice est loin d’être la même pour tous, et est bien trop souvent plus indulgente envers le gros délinquant financier ayant des relations haut placées qu’envers le petit voyou qui a fait un casse minable. Mais juger pour ainsi dire clandestinement des étrangers, c’est leur retirer toute possibilité de faire valoir leurs droits, afin d’appliquer plus vite la politique d’expulsion du gouvernement. Heureusement, il existe des magistrats et des avocats pour s’insurger contre ce déni de justice.